« Il est souhaitable que le Cameroun soit construit par des Camerounais »

Guillaume Wamal, président de l’Association nationale des entreprises de l’entretien routier, du bâtiment et des travaux publics du Cameroun.

Quelles sont les difficultés que les entreprises locales évoluant dans le secteur des BTP rencontrent au quotidien et qui font en sorte que vous ne soyez pas toujours performants sur le terrain ? 
Le paysage des entreprises du BTP au Cameroun est composé de plusieurs types d’opérateurs : les multinationales étrangères, deux ou trois majors nationaux et de nombreuses PME camerounaises d’envergures diverses. Certains problèmes du secteur sont partagés par tous ces acteurs à de niveaux divers. Je m’étendrai beaucoup plus sur les PME pour la double raison de leur fragilité d’une part et de leur place prépondérante dans l’économie en termes de création d’emplois et de réceptacles dans le transfert de savoir-faire d’autre part. D’entrée de jeu, je signalerais que le tissu des PME structurées et professionnelles constitué au sortir du programme de relance de l’économie qui a connu son point d’achèvement en 2006 s’est littéralement effondré. Les causes de ce constat sont essentiellement : les retards importants dans les paiements des décomptes des travaux ; la dégradation des performances du Fonds Routier suite à la loi de finances 2011 ; la discontinuité des activités des entreprises en raison d’un carnet de commande erratique, l’Etat étant l’unique client. La fin d’un contrat signe l’arrêt des activités de l’entreprise si elle ne bénéficie pas d’un autre contrat; la frilosité des banques dans l’accompagnement des entreprises en raison des délais de paiement des décomptes des marchés publics non maitrisables; l’entrée dans la profession des prestataires non professionnels.


Il y a beaucoup d’entreprises opportunistes qui n’ont pas toujours de capacité financière et même la ressource humaine qu’il faut pour mener à bien certains projets. Quel est l’ampleur de ce phénomène ?
Le problème des entreprises opportunistes non professionnelles se pose davantage en termes de manque d’expertise. La possession des équipements ne peut suppléer la méconnaissance du métier et des règles de l’art. Ces entreprises dont l’accès à la commande publique est favorisé par le critère du « moins disant » pas suffisamment bien encadré et des failles dans la gouvernance, constituent une véritable gangrène sans exagération pour la dépense publique. Leurs interventions faites sans respect des règles de l’art entraînent des dépenses majoritairement inutiles. L’essentiel des travaux ne pouvant être capitalisé, des reprogrammations budgétaires prématurées s’imposent. Dans plusieurs cas, les routes sont moins praticables après les interventions que dans leur état initial.


Au-delà des problèmes suscités, le défaut d’équipements se pose également avec acuité. Comment peut-on résoudre ce type de contrainte ?
Ce problème d’équipement est étroitement lié aux difficultés énoncées plus haut. Plusieurs solutions existent pour l’accès aux équipements notamment l’acquisition en propre à travers les emprunts bancaires, les crédits-bails et la location. Les PME camerounaises dont la trésorerie est structurellement fragile, confrontées aux impayés de décomptes dont les délais ne cessent de s’allonger, et qui plus est, font face à une irrégularité de commandes, sont généralement incapables d’honorer les échéances de paiement des crédits. De ce fait, elles ne bénéficient ni de la confiance des banques, ni celle des établissements de crédit-bail. Le problème ne peut connaître une solution stable qu’avec la réhabilitation et la consolidation du tissu pérenne des PME professionnelles et la promotion d’un climat des affaires propice à leur essor.


Vous parliez lors de cette réunion de la réforme du Fonds routier. Concrètement en quoi cela va aider à une meilleure réalisation des projets ?
Le Fonds routier a été créé par la loi N°096/07 du 8 avril 1996. Cette création est une émanation du document de stratégie fruit du programme de relance de l’économie dénommé Programme sectoriel transport dont les quatre principaux piliers dans le sous-secteur entretien routier étaient le désengagement de l’Etat dans l’exécution des travaux d’entretien routier en faveur du secteur privé ; la mise en place d’un mécanisme pérenne de financement de l’entretien routier garantissant la disponibilité permanente des fonds ; la mise en pla...

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