« L’investissement est la résultante d’un travail profond »

Boma Donatus, Directeur général par intérim de l’Agence de promotion des Investissements.

Dans ses comptes nationaux du premier trimestre 2024, l’Institut national de la Statistique démontre que les investissements privés camerounais ont reculé. Comment comprendre cette situation au moment où le besoin en investissements est de plus en plus important ? 
Le besoin en investissements est certes important au Cameroun, mais le processus d’investissement lui, intègre d’autres paramètres dont la prise en compte permet de comprendre le léger dénivèlement observé au premier trimestre de 2024. L’investissement n’est pas un processus linéaire lancé, dont la vitesse croit au fil de la distance parcourue. Non ! le processus d’investissement varie au gré d’autres facteurs, notamment de la conjoncture internationale, l’environnement global des affaires, le niveau de maturation des projets publics et privés en quête de financement. L’investissement est la résultante directe d’un travail de promotion profond fait en amont. Au cours du premier trimestre de 2024 par exemple, l’Agence de promotion des investissements (API) a orienté l’essentiel de son action vers les activités de promotion, en droite ligne des recommandations du conseil d’administration de l’API. Le résultat de ce travail de fourmis est progressivement visible de tous. L’API accueille en novembre prochain, une importante délégation d’investisseurs indiens prêts à injecter des centaines de milliards de francs dans des secteurs prioritaires, notamment l’agriculture, la santé et les technologies. C’est également au travail de promotion abattu en amont que l’on doit l’accord de financement trouvé par l’API auprès du conseil des investisseurs turcs en août dernier. Le The Cameroon Türkiye Business Council a en effet consenti à investir des centaines de milliards de F dans les secteurs prioritaires recensés dans la Stratégie nationale de développement 2020-2030 (SND30). Il est donc logique de s’attendre à ce que le volume des investissements direct aille s’accroissant, à mesure que nous multiplions les actions de promotion de l’attractivité du Cameroun. 


L’Etat du Cameroun a mis en place depuis 2013 une loi portant incitation à l’investissement. On n’a pas l’impression que cela porte vraiment des fruits. Au-delà des conventions signées au quotidien, ces incitations produisent-ils vraiment les effets attendus ? 
La promulgation de la loi n°2013/004 du 18 avril 2013 fixant les incitations à l’investissement privé en République du Cameroun et la création de l’API, traduisent clairement la volonté du président de la République, Paul Biya, de booster substantiellement le volume d’investissements en vue de l’atteinte de l’objectif stratégique de l’émergence à l’horizon 2035. Cette promotion des investissements est une activité de longue haleine dont les retombées et les fruits auxquels vous faites allusion ne sont pas toujours immédiats. A ce jour, nous enregistrons au sein du portefeuille de l’API 396 conventions signées avec les entreprises privées qui devront générer au terme de leurs investissements un volume de 6987 milliards de F et 159 752 emplois directs projetés. La dernière évaluation à mi-parcours réalisée pour le compte de l’exercice 2022 par l’API avec la participation des administrations sectorielles concernées (Minfi, Minmidt, Minefop, Minepat, INS) sur un échantillon de 125 entreprises agréées présente un bilan élogieux. En termes d’investissements, ces entreprises ont déjà réalisé un montant global, de 1764,8 milliards sur 2856,5 milliards prévus. En termes de création d’emplois directs, notre échantillon enregistre 14 354 emplois créés sur 42 697 prévus. Au niveau macroéconomique, la loi a permis d’injecter 4 352,6 milliards de F d’investissements dans l’économie. L’ensemble des investissements a entraîné de manière cumulée une hausse de 0,00113 point de pourcentage du Produit intérieur brut, soit une création de richesse évaluée à 25 milliards de F. Un volume d’investissements déjà réalisés de l’ordre de 1800 milliards de F et un nombre de 14 000 emplois directs créés. Toutefois, il y a lieu de reconnaître que l’impact de ces chiffres demeure encore faible sur la croissance économique. Dès lors, le challenge de l’API est de booster cet impact à travers une promotion des investissements ciblée vers des secteurs à haut potentiel de croissance.


De nombreuses contraintes continuent d’entraver l’afflux des investissements privés au Cameroun (faible offre énergétique, pression fiscale élevé, etc.). Quelles sont celles qui sont portées à votre attention ?
En effet, des opérateurs économiques ont eu l’occasion d’échanger avec l’API sur des contraintes qui selon eux sont de nature à entraver l’afflux des investissements privés au Cameroun. Les point...

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