« Il faut mettre en place un dispositif de répression très renforcé ».

Un gros porteur a une fois de plus été à l’origine d’un accident mortel de la circulation la semaine dernière à Yaoundé. Doit-on finalement considérer cette récurrence comme une fatalité ?
Les accidents de la route au Cameroun ont atteint une cote préoccupante. La typologie de ces accidents relève que dans 70 % cas, les gros porteurs sont impliqués. Notamment les camions et les bus. Pour ce qui est des camions, plusieurs causes sont à l'origine. La première cause étant le déficit de formation des conducteurs. Parce qu'à ce jour, malgré le syndicat des auto-écoles, il n'existe pratiquement pas d'auto-écoles dotées de camions ou de bus pour l'apprentissage des nouveaux conducteurs. Du coup, la plupart des conducteurs de camions sont formés sur le tas. La deuxième cause est l'état très vieillissant de notre parc automobile. 90% de camions ont plus de 20 ans d’existence voire 40 et continuent de circuler sur nos routes avec un état technique déplorable. Forcément, nous nous retrouvons régulièrement avec des accidents liés aux défaillances mécaniques du système de freinage extrêmement complexes. Surtout sur les côtes, partout où le relief est très accentué, il y a toujours des camions sur le bas-côté, à l’instar des falaises. L'autre cas très important à prendre en compte concerne la surcharge en matériel et bagages de ces camions. Ces derniers sont non seulement extrêmement surchargés, mais il y a le mécanisme d'arrimage qui n'est pas respecté. Si l’on observe le cas le plus récent, l'accident qui s'est produit sur la colline de Mimboman à Yaoundé. Le container s'est retrouvé seul au sol laissant le camion intact. Ce qui signifie qu'il n'était pas bien arrimé sur le plateau d'accrochage. 

Des textes encadrent la circulation de ces camions dans les périmètres urbains. Pourquoi ne sont-ils pas respectés ?
Dans le cadre des missions de la régulation de la circulation dans les zones urbaines, la plupart des communes ont pris des décisions juridiques visant à réguler la circulation des gros porteurs. Elles se déclinent par l'interdiction d'accès des gros porteurs sur certaines zones ou par la régulation des heures de passage des gros porteurs. Malheureusement, nous faisons face à une délinquance routière qui se traduit par le non-respect de ces mesures. Ceci étant lié à un déficit de contrôle et de répression de ces usagers de la route. Avec l'usure du temps, ces mesures tombent dans l'oubli. Elles ne sont pas respectées tout simplement parce qu'il n'y a pas une forte sensibilisation des conducteurs et des chefs d'entreprises. Le mécanisme de contrôle est également défaillant. Une fois que les mesures sont mises en place, elles doivent être adossées sur un contrôle strict et de limitation de l'accès à ces espaces aux gros porteurs. Sans oublier un dispositif de répression très renforcé.

Au-delà du souci de préserver des vies, la solution durable est-elle vraiment dans ces restrictions qui créent un autre problème économique cette fois ?
Le transport est un domaine important dans l'industrie et la distribution. Impossible d'exclure  totalement la circulation des camions et gros porteurs dans nos villes sous peine d'asphyxier les populations en biens essentiels. Toutefois, le problème a déjà été adressé dans les grandes villes urbaines. Il faut tout simplement mettre en place une régulation. Nous devons prendre des mesures qui définissent des heures des traversées des villes. Les camions transportant les grumiers les respectent déjà. Les autres doivent suivent le pas à l'exception des camions transportant les denrées périssables. Il faut par ailleurs définir les heures d'approvisionnement et le gabarit de l'engin qui doit approvisionner dans la ville. Ceci parce que, si nous devons laisser des longs camions approvisionner en ville quel que soit l'heure, nous allons minimiser le risque qui sera permanent. Dans le cadre des formations dans les entreprises, il serait nécess...