2025, l’année de tous les défis

Après le séisme nommé Covid et les répercussions dramatiques de la guerre en Ukraine sur l’inflation, la sécurité alimentaire et les approvisionnements, le Cameroun et ses voisins croyaient avoir atteint le bout du tunnel. La reprise économique paraissait, au crépuscule de l’année 2024, prévisible, certaine, aussi certaine que le jour succède à la nuit. C’était compter sans la mauvaise fortune et le caractère aléatoire des prévisions. Voilà que le président Paul Biya, de sa stature privilégiée de leader et de sage régional, et disposant sans nul doute d’éléments d’analyse prospective affûtés, révélateurs des signaux économiques à l’orange, invite ses pairs à Yaoundé, pour un Sommet extraordinaire. La raison ? Conduire sine die une réflexion stratégique sur la nature du danger qui se profile à l’horizon et les mesures les plus énergiques de le conjurer solidairement.
La résilience de la région, célébrée il y a seulement quelques années, est soudain mise à l’épreuve de la résistance aux périls nouveaux, qu’ils soient conjoncturels ou structurels : diversification économique insuffisante, chute annoncée des prix des matières premières, surendettement, déséquilibre de la balance commerciale, baisse des réserves de changes, gouvernance améliorable. Certes, la communauté sous-régionale n’est pas tombée en récession, mais de gros nuages noirs s’amoncellent.
Relance économique : à consolider
Ce huis clos présidentiel convoqué sous les lambris du Palais de l’Unité, et réuni sous le signe de la détermination collective et de l’action, est pour ainsi dire, à l’image de ce que sera cette année 2025. Le pire n’est pas certain, c’est vrai, mais aucun rebond économique d’ampleur ne montrera le nez sans une volonté de fer et une discipline budgétaire, sans une plus rigoureuse programmation des investissements destinés à booster la production industrielle, seule en mesure d’augmenter substantiellement le volume des exportations. Car lorsque la réalisation des projets prend trop de libertés avec les délais prévisionnels, l’Etat est acculé à rembourser la dette y relative alors même que les profits annoncés sont relégués aux calendes grecques…
L’année 2025, on l’a compris, verra les Etats de la sous-région s’atteler à un meilleur pilotage économique, qui pourrait porter d’autant plus de fruits que d’autres grands projets industriels arriveraient à maturité. Cette réflexion vaut en tout cas pour le Cameroun où les lourds investissements consentis dans les secteurs énergétiques, miniers et la production céramique, arrivent pour certains à la phase productive. Le barrage de Nachtigal, les projets de fer de Mbalam, l’usine de céramique de Kribi…
Ce foisonnement destiné à consolider la relance économique, si chère aux investisseurs et si nécessaire à l’augmentation du pouvoir d’achat, ne doit pas faire oublier que l’année qui s’annonce est peut-être, avant tout, éminemment politique. Au Cameroun, les électeurs iront aux urnes deux fois en 2025, en octobre pour l’élection présidentielle et en décembre pour les élections régionales. La parole est donc définitivement au politique dans les jours à venir, puisqu’au Gabon, et en Centrafrique, des élections présidentielles sont également programmées aux mois d’août et de décembre.
Elections : épreuves de maturité
On conviendra qu’en ce qui concerne notre pays, ces importantes échéances électorales constitueront avant tout un test de maturité politique pour notre peuple, en même temps qu’un test d’efficacité pour nos institutions dédiées, 35 ans après l’avènement de la démocratie et du pluralisme social, par la volonté de Paul Biya. Les politiques, mais aussi les organes d’arbitrage, tout comme la société civile et les journalistes, devront jouer chacun leur partition, dans le respect des lois et règlements, en toute responsabilité. Afin d’épargner à notre pays un épisode de crise politique, de désordre, préjudiciable à l’image et à la stabilité politique. Verra-t-on enfin les hommes politiques encourager le recours à l’arbitrage légal, plutôt que d’inciter la rue à la colère, en hystérisant les réseaux sociaux ? L’avenir nous le dira. Pour l’heure, les nombreuses initiatives d’Elecam pour dialoguer avec tous les acteurs du processus nous paraissent louables et porteuses de consensus.
Economie sociale : l’arme des régions
Et comment envisager l’année à venir sur le plan social ? Dans un contexte où l’économie se relève peu à peu, plombée par un environnement international instable et des guerres lointaines mais nuisibles, le pays peut plus que jamais s’adosser à la politique de décentralisation. Celle-ci, même si elle doit encore se parfaire en déconcentrant encore plus et encore mieux, a permis aux populations des communes et des villes moyennes de prendre un nouveau souffle. L’économie sociale, introduite officiellement il y a quelques années avec la création du ministère éponyme, est en plein essor. Cantonnées au Nord-Ouest et à l’Ouest il y a 20 ans, les coopératives de production fleurissent partout dans le pays, adossées aux communes et à des institutions financières communautaires. En un mot, l’initiative locale s’enhardit, et ne demande qu’à être soutenue par l’Etat central et les institutions bancaires.
On peut penser qu...

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