« Les femmes et les jeunes s’attendent à être mieux représentés »
- Par Marie Christine
- 30 Dec 2025 10:56
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Dr Sylvestre Noa, sociologue.
Quel regard jetez-vous sur le climat social au Cameroun au moment où l’année 2025 s’achève ?
L’année 2025 s’achève sur une note morose, à cause notamment des tensions survenues au lendemain de l’élection présidentielle du 12 octobre 2025. La crise a été vite endiguée. Mais, elle a laissé une brume de frayeur, de tristesse qui a du mal à se dissiper, malgré un retour à la normale ; c’est-à-dire, au train-train qui a prévalu avant les élections. Il faut relever qu’il ne s’agissait pas d’une ambiance agréable. Du coup, une certaine confusion s’installe. Beaucoup commencent à croire que la solution se trouve dans la haine de l’autre, l’enfermement identitaire, la croyance au surréalisme ou au messianisme.
L’année 2026 est la première du nouveau septennat du président de la République, marquée par une ferme promesse de faire plus pour les jeunes et les femmes. A quoi concrètement peuvent s’attendre ces catégories de la population ?
Il faut d’emblée relever que ce sont là deux catégories sociales qui constituent la majorité de notre société. Ce sont les plus nombreux. Mais paradoxalement, ce sont les moins représentés dans la prise de décision. Les femmes et les jeunes subissent donc une dictature de la minorité. Parler d’un septennat des jeunes et des femmes comme l’a laissé entendre le président de la République, consiste avant tout à corriger ce déséquilibre, à réparer une injustice qui a privé notre société des trésors de talents et de compétences détenues par ces catégories. De ce fait, ces populations s’attendent à être plus représentées dans les instances décisionnelles à tous les niveaux. Il ne s’agit même plus seulement d’améliorer cette représentativité, mais d’envisager qu’elle soit proportionnelle qualitativement et quantitativement. Mais le septennat des jeunes et des femmes ne se limite pas uniquement à la présence dans les instances de pouvoir. En effet, les femmes et les jeunes ne sont pas seulement moins représentés. Ils constituent également la part la plus considérable des vulnérables de notre société. C’est pour cette raison que le président de la République a promis une meilleure protection de ces catégories souvent sujettes à des maltraitances et à des traitements les plus abjects et confrontées à l’extrême pauvreté.
La lutte contre le chômage passe aussi par une formation professionnelle de qualité. Comment opérer la mutation du système éducatif que beaucoup appellent de leurs vœux ?
En mon sens, le problème n’a jamais été véritablement celui de la mutation du système éducatif. Vous allez remarquer qu’aucun savoir ou savoir-faire n’est vain. Les connaissances sont en réalité transversales et peuvent donc servir dans tous les domaines. Parler d’une mutation du système éducatif signifie que les formations qui sont dispensées en ce moment ne cadrent pas avec les besoins de la société. Ce qui n’est pas du tout vrai. Nous avons par exemple de milliers d’instituteurs et de personnels de santé qui sont en chômage. Est-ce parce que les besoins n’existent pas ? Tout au contraire, il y a un manque criard d’instituteurs et de personnels santé. Mais pourquoi en dépit de ce manque, on en trouve de milliers sans emplois ? Voilà le vrai problème. Ainsi, au lieu de réfléchir primordialement à comment muter le système éducatif, il faut plutôt commencer par créer l’activité, c’est-à-dire, un tissu productif capable d’absorber la ressource humaine. L’activité imposera elle-même la mutation du système éducatif.
On a observé en 2025, la multiplication d’offres de formation de proximité dans l’Enseignement Supérieur. Que peuvent-elles apporter ?
C’est le cas chaque année. Sur ce point, l’année 2025 n’a rien d’exceptionnel. Il faut continuer à former, à multiplier les offres de formation, car, comme je le disais tout à l’heure, aucun savoir n’est vain. Par ailleurs, il n’y a pas de développement possible sans des ressources humaines de qualité. C’est pour cette raison qu’il faut intensifier la formation en dépit de la prolifération des discours caverneux du genre le savoir ou la formation ne servent à rien. L’inventivité, l’innovation, l’initiative viennent de l’ouverture d’esprit, tributaire elle-m&eci...
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