Accidents de la route : stop à l’hémorragie !

Du sang coule régulièrement sur nos axes routiers. La multiplication des accidents de la circulation et leur cortège de morts défraient la chronique. Des rêves de personnes souvent à la fleur de l’âge sont brisés. Des familles anéanties soudainement. Des blessures et des handicaps infligés à vie. L’ampleur du phénomène est telle que la peur noue l’estomac rien qu’à l’idée de prendre la route. Le risque d’y trouver la mort étant grand. On peut parier que les inventeurs de la première automobile équipée d’un moteur à combustion interne, vers la fin du 19e siècle, croyaient bien faire en fabriquant un nouveau moyen de locomotion qui a révolutionné le transport et modifié le rapport des individus à l’espace. Car grâce aux véhicules à moteur, les hommes ont pu réduire la durée et la pénibilité des voyages. Ils ont également pu élargir leurs horizons en se lançant à la conquête d’espaces terrestres jusque-là inconnus.                                                                                                                               Seulement, au fil des décennies, la société va découvrir le revers de la médaille. Notamment, lorsque la voiture de tous les rêves, toujours plus rapide et sophistiquée, sera parfois impliquée dans des accidents provoquant la mort ou des blessures plus ou moins graves. L’augmentation exponentielle du nombre de voitures et de leur vitesse va obliger les pouvoirs publics à mettre en place le Code de la route et le permis de conduire pour prévenir ces incidents. Mais, ceux-ci constituent désormais l’un des fléaux les plus inquiétants des temps contemporains. D’après l’Organisation mondiale de la santé, chaque année, environ 1,3 million de personnes perdent la vie dans un accident de la route. On recense en plus, entre 20 à 50 millions de blessés, nombre d’entre eux gardant une invalidité à la suite de leurs blessures. Autre tendance forte à relever, quelque 93 % des décès sur les routes surviennent dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. C’est précisément le cas sur le continent africain où le taux de mortalité moyen dû aux accidents de la route est le plus élevé au monde, selon les données de la Banque mondiale. Il s'établit à 26,69 décès pour 100 000 habitants.                                                                                                                              
Dans ce classement macabre, le Cameroun figure, hélas, dans le peloton de tête. À en croire les statistiques publiées par la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique (CEA) en 2019, l’Ouganda et le Cameroun sont parmi les pays africains qui enregistrent le plus de morts à la suite des accidents de la route.  « Ces dernières années au Cameroun, souligne la CEA cette année-là, 16 583 accidents de la route et 1 500 décès ont été enregistrés en moyenne chaque année. Le risque de mortalité routière dans le pays est estimé à 26,7 personnes pour 100 000 habitants, ce qui est supérieur à celui des pays de l’Afrique de l’Ouest ». Quant aux pertes économiques subies par le Cameroun à cause des accidents de la circulation, elles sont
estimées à environ 100 milliards de F chaque année.                                                                                                                                                              
Le mal est si profond qu’il se passe rarement une semaine sans que la presse ne fasse l’écho d’un accident mortel grave survenu sur nos routes. On a même l’impression, ces derniers temps, qu’il y a une recrudescence du phénomène. Le dernier drame retentissant s’est produit le 26 mai 2023 sur la Nationale n°3 dans l’arrondissement d’Edéa II, laissant sur le carreau pas moins de 16 morts et trois blessés graves. L’accident a impliqué un minibus de marque Toyota Hiace et un camion qui sont entrés en collision. S’agissant des circonstances du drame, deux premières pistes sont évoquées : l’excès de vitesse et/ou un mauvais dépassement.                                            
Les semaines précédentes, du sang avait coulé sur la Nationale n°1, le 9 mai dernier, dans la localité de Bindimba, près de Garoua-Boulai, région de l’Est. En partance pour Ngaoundéré, un bus de 70 places appartenant à la compagnie « Touristique Express SA » avait fini sa course dans un ravin, tuant sur place 14 de ses passagers. Une dernière victime avait rendu l’âme avant son admission à l’Hôpital de district de Garoua-Boulai, portant à 15 le nombre de morts. 68 blessés avaient également été enregistrés. L’excès de vitesse a été signalé par les forces de maintien de l’ordre parmi les premières causes de l’hécatombe. Ces drames à répétition allongent davantage la liste des accidents qui endeuillent régulièrement les familles au Cameroun, en dépit des mesures mises en œuvre pour tenter d’inverser la courbe. Prendre la route au Cameroun, c’est courir le risque de trouver la mort en chemin. Lors de la plénière spéciale sur la prévention et la sécurité routières en 2021, le ministère des Transports avait dévoilé les chiffres de l’horreur : 3 000 décès environ ayant été répertoriés en 2021 au Cameroun à cause des accidents de la route. En outre, les statistiques établies par la gendarmerie nationale de 2011 à 2019 font état, en 2011, de 3525 accidents et 1588 tués ; 3327 accidents et 1187 tués en 2012; 2997 accidents et 1160 tués en 2013 ; 3065 accidents et 1081 tués en 2014; 2896 accidents et 1091 tués en 2015; 2954 accidents et 1241 tués en 2016; 2341 accidents et 929 tués en 2017; 1898 accidents et 782 tués en 2018; enfin, 1533 accidents et 627 tués en 2019.   &nbs...

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