Gestion des réfugiés : la nouvelle approche

Les responsables du Système des Nations unies, accompagnés des partenaires techniques et financiers sont résolus à établir désormais un lien entre l’humanitaire et le développement

 

626 681. C’est le nombre de réfugiés que le Cameroun héberge actuellement sur son sol. Dans ce pointage du Haut-Commissariat des Réfugiés (HCR) qui date d’août 2017, indique que les réfugiés centrafricains, repartis dans les régions du Nord, de l’Est et de l’Adamaoua, représentent 232 917 personnes tandis que les 90 581 ressortissants nigérians sont logés au Camp de Minawao dans la région de l’Extrême-Nord. Ce nombre important sans cesse croissant de personnes en situation précaire dans ces régions constitue un poids supplémentaire sur les ressources naturelles déjà trop justes pour les populations locales. Pire, au moment où le nombre de réfugiés croit de manière arithmétique, les besoins de manière géométrique, les contributions financières des pays donateurs s’amenuisent. La multiplication d’autres fronts humanitaires dans le monde va davantage limiter la capacité d’intervention des Nations unies. Pour le seul cas de la région de l’Est qui abrite le gros du contingent des réfugiés centrafricains, dont 30% seulement vit dans les sites aménagés par le HCR et 70% dans les communautés, la présence des réfugiés vient compliquer davantage l’accès aux services sociaux de base (santé, nutrition, eau,  assainissement, éducation, etc.). Sur le site de Gado-Badzere, à environ 215 km de Bertoua, le constat est patent : plus de trois ans après, presque tous les réfugiés vivent toujours sous des bâches déjà usées par les intempéries. Malgré l’appui-conseil des agences onusiennes, trop peu se montrent intéressés par les activités génératrices des revenus. La majorité se contente des 6 512F/personne que fournit le HCR pour la ration mensuelle.
Autonomisation
Au regard de la précarité de la situation socio-politique en RCA, le retour de ces réfugiés n’est pas pour demain. Et c’est fort de cette donnée et surtout de l’essoufflement de l’élan de solidarité de la communauté internationale que le système des Nations unies opte pour un nouveau paradigme. Désormais, il n’est plus question de fournir seulement l’assistance alimentaire aux réfugiés mais de les autonomiser pour une auto-prise en charge. Par ailleurs, dans le cadre du  Plan-cadre des Nations unies pour l’aide au développement (PNUAD, 2018-2020),  les Nations unies et leurs partenaires, établissent aujourd’hui dans leurs interventions, un lien entre l’humanitaire et le développement. Le prochain programme qui s’appuie sur le DSCE gouvernemental, privilégie l’approche « Unis dans l’action »  des Nations unies afin d’aider le gouvernement camerounais à atteindre les objectifs de développement durable (ODD), en centrant les efforts sur les quatre régions ciblées ( Extrême-Nord, Nord, Adamaoua, Est) et en coordonnant les activités des organismes des Nations unies. L’accent sera mis notamment sur la construction d’une économie solide, diversifiée, résiliente et qui ne laisse personne en marge.
La mission conjointe que vient d’effectuer le système des Nations unies en compagnie des partenaires techniques et financiers à l’Est s’inscrit dans cette nouvelle logique d’intervention. Conduite par Allegra Baiocchi, Coordonnateur Résident du Système des Nations unies au Cameroun en compagnie des ambassadeurs de Suisse, Pietro Lazzeri et de RCA, Martial Beti-Marace ainsi que des autres chefs d’Agences onusiennes au Cameroun, cette descente avait pour objectifs d’apprécier les projets mis en œuvre en faveur des réfugiés centrafricains et des populations hôtes dans les localités de Garoua-Boulaï, d’Abo Boutilla, de Yoko Sire et de Gado Badzere. Les « missionnaires » de l’ONU et leurs partenaires ont, à l’occasion, visité les infrastructures installées : le poste de santé, le réservoir d’eau, les magasins Cash Based Transfert, les activités d’autonomisation, les projets ETAPES, ou « Connect my School » le centre de prise en charge des femmes et des filles.
 

 

Réactions

 

Geert Casteele:

Représentant-adjoint chargé des opérations du Haut-commissariat des Nations-unies aux réfugiés au Cameroun

 « Il y a des points encourageants. En voyageant entre Bertoua et Gado, il y a tous ces villages où les réfugiés ont été intégrés. Il y a eu aussi des projets partout qui ont été réalisés pour accueillir et intégrer ces réfugiés : forages, puits, écoles, etc. On sait qu'on a une grande population avec beaucoup de jeunes et qu'ils ressentent une certaine frustration. Ils veulent faire quelque chose, être actifs. Le HCR ne peut pas faire de développement. Mais on cherche le lien entre l'humanitaire et le développement. Le plus encourageant, c'est qu'on a pu être sur place avec les bailleurs de fonds. Il faut être plus efficient dans ce que nous faisons et faire plus efficace avec les moyens dont nous disposons. En même temps, le plaidoyer continue».

 

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