Théâtre: le peuple voit rouge

 La pièce « Par-delà le silence » jouée au Laboratoire de théâtre Othni à Yaoundé, a redonné vie les 8 et 9 septembre derniers, au vindicatif texte de Kouam Tawa

 

Des rues galeuses et ténébreuses. Des passages miséreux jalonnés de gravats et de masures desquels émane l’odeur fétide de la détresse et de la souffrance. Un environnement oppressif, sombre, au cœur de la cité Alpha, cadre d’une douce vendetta. Une vindicte que subira le corrupteur, épicurien, autoritaire, arrogant, arriviste magistrat municipal de la citadelle. Désireux de briguer un nouveau mandat, il est victime d’un kidnapping au sortir d’un débriefing téléphonique d’après-meeting. Son assaillant-limier-bourreau, incarné par la comédienne Doris Meli, se fait la voix du peuple excédé. Les chaines du silence se brisent et la digue de l’inaction et de la tolérance est détruite. Ce courroux arrivé à saturation, est à l’origine d’une répression, qui prendra la forme d’une sentence dans un procès privé. Le politicien au cœur de l’audience se trouve face à une kyrielle de chefs d’accusation. Toutefois, entre persuasion et dissuasion, la course aux aveux n’aura rien d’une sinécure.
C’est le décor dans lequel est plongée la pièce « Par-delà le silence », jouée les 8 et 9 septembre dernier au Laboratoire de théâtre Othni à Yaoundé. Sous l’éclairage géré par Thierry Fotso, le comédien-metteur en scène Patrick Daheu (dans le rôle du maire), questionne avec fracas les rapports entre gouvernants et gouvernés. Le clivage tyrannie-liberté s’illustre dans une stylistique épousant les clichés sociaux. Dans une approche constructive dépouillée de tableaux, la scénographie allégée et le confort d’écoute du spectateur sont appréciables. D’ailleurs, cette forte proximité entre le public et les comédiens, et ce recours subtil aux effets visuels et sonores, ajoutent à l’intensité de la pièce. Sans omettre l’interprétation réaliste et énergique d’une Doris Meli cagoulée, intrépide machette à la main, dans son rôle de justicière. Cependant, durant la prochaine tournée ouest africaine, elle devra gommer quelques oublis dans son récit.
 

 

 Patrick Daheu: « Dans l’oppression, la voix de la femme se fait entendre »

Comédien-metteur en scène

 

Pourquoi avoir choisi d’adapter sur scène ce texte de Kouam Tawa ?


Avec l’oppression de la vie sur les gens, naît une soif d’expression et de liberté face au joug. Un trop-plein de ras-le-bol, d’inaction et d’inertie qu’on aspire à transcender. Ce texte m’a particulièrement parlé. Il m’a donné des pistes dans l’élaboration du cadre principal de la pièce. Bien que nous ne l’ayon...

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