« Les reformes sont incontournables à l’Union Africaine»

Professeur Guy Mvelle, Secrétaire général de l’Université de Dschang.

Quel regard portez-vous sur la marche de l’Afrique au cours de l’année 2018 qui s’achève ?

Globalement l’Afrique ne s’en sort pas plus mal que les autres espaces politiques régionaux. Près d’une demi-douzaine d’élections majeures étaient prévues sur le continent, notamment dans des pays considérés comme des épicentres de la stabilité ou de l’instabilité de leurs sous-régions. A y regarder de près, et malgré les traditionnelles contestations des oppositions, la plupart de ces élections se sont tenues, maintenant ainsi la stabilité dans les sous-régions concernées. C’est le cas en Afrique australe avec le Zimbabwé qui a réussi sa transition avec l’élection d’Emmerson Mnangagwa qui a définitivement remplacé le patriarche Robert Mugabe. En Afrique de l’ouest un candidat de l’opposition Julius Maada Bio a remporté la présidentielle en Sierra Leone, alors qu’Ibrahim Boubacar Keita a été réélu au Mali. En Afrique centrale opération également réussie avec la réélection du président Paul Biya. Au nord de l’Afrique le président Abdel Fattah al-sissi a rempilé en Egypte. C’est la preuve que les agendas politiques sont respectés et que la démocratie avance. Des incertitudes demeurent tout de même en République démocratique du Congo où l’élection a encore été reportée pour mars 2019 dans certaines régions, en Libye, au Soudan du Sud…Mais il est important d’observer qu’aucun processus n’a donné lieu à un conflit armé déstabilisant un pays ou une région entière.

L’un des faits majeurs de l’année 2018 aura été la poursuite des réformes au sein de l’Union africaine, notamment sous la présidence du président rwandais Paul Kagamé, qui avait été chargé par ses pairs de réfléchir sur cette question. Quelle lecture en faites-vous ?

L’on peut saluer l’audace des propositions faites par le Commission Kagame, notamment le nouveau mode de désignation des commissaires et des vice-présidents de la Commission, les sanctions contre les Etats qui tardent à payer ou qui ne payent pas du tout leurs cotisations…Mais de nombreuses questions sensibles ont encore été laissées de côté Notamment le nouveau barème des cotisations. Mais ces réformes sont incontournables parce que l’Union africaine présente des tares congénitales qu’il faut absolument soigner. Les conditions de son apparition sont caractérisées par une précipitation et une absence de consensus perpétuelle qui expliquent son inefficacité et les dysfonctionnements qu’elle produit.  Si l’on veut rendre la Commission plus efficace, plus indépendante pour mieux appliquer les décisions adoptées par les chefs d’Etat et de gouvernement, il faut réformer en profondeur et accepter ces réformes. Mais pour atteindre cette supranationalité qui est si nécessaire aux organisations internationales, les Etats africains doivent consentir à partager leur souveraineté. Tant que cela n’est pas le cas, des pans entiers de la réforme seront toujours laissés à l’écart et l’organisation continentale ne sera qu’un moulin à prières.

Qu’est-ce qui à votre avis doit encore être fait pour que les Africains s’approprient véritablement le vent des réformes ?

Le problème de la réticence face aux réformes n’est pas une spécificité de l’Afrique ou des Africains. Il est même plus prégnant dans les grandes instances internationales où les grandes puissanc...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie