Japoma-Minyang : des populations face à l’érosion

La chambre du couple Ndjeba s’était, pour ainsi dire, effondrée. La terre avait lâché et cette partie de la fondation a fini dans un ravin. « C’était en mi-journée, il y a environ deux ans. Les voisins sont sortis avec des échelles et on a pu les remonter. Ils ont passé plusieurs mois à l’hôpital », se souvient Joseph Banyag, voisin du couple, et voisin aussi, bien qu’un peu éloigné, du ravin source de la mésaventure.

Nous sommes au village Japoma, dans l’arrondissement de Douala III, dans les quartiers Minyang (mot qui signifie « frère » en bakoko) et Ebonguè, où les populations font face à une faille grandissante. Un ravin de plusieurs centaines de mètres de long, dont les bords irréguliers ont été burinés par une érosion erratique. Le domicile Ndjeba, rogné de quelques pièces, est toujours là.

« Avant, c’était un terrain plat. On faisait les champs dessus », assure Marlyse Etamè, habitante du quartier, qui regarde bien où elle met les pieds en côtoyant les abords du canyon. Maintenant c’est un gouffre qui va s’élargissant, au fond duquel des parpaings, des restes de tôles, voire un pan de mur de soutènement, montre qu’il a des victimes à son actif. « Quatre maisons ont déjà été touchées », précise Joseph Banyag. D’où vient le problème ?

Les riverains expliquent que tout a commencé il y a presque quatre ans, avec le projet de route Nyala-Japoma, notamment entre les points « Petit Château Japoma » et « Carrefour Mission ». Des rigoles ont été posées jusqu’à un certain niveau (la route n’a pas été achevée). Mais quand sont arrivées les pluies, toute l’eau qu’elles canalisaient ont pris la direction des blocs Minyang et Ebonguè. A ces eaux s’ajoutent celles qui dévalent de Bessengue II, quartier situé en amont, toujours d...