Les recettes du succès

Pour réaliser son « miracle économique », l’empire du soleil levant s’est appuyé sur ses ressources humaines qualifiées. Puis, il a maîtrisé la technologie occidentale avant de la mouler dans son propre génie.

Comment expliquer les progrès extraordinaires réalisés par le Japon, dont l’un des symboles a été la mise en service, dès 1964, de la première ligne de train à grande vitesse du monde (TGV ou shinkansen en japonais), entre Tokyo et Osaka ? Qu’est-ce qui a favorisé la remontée en puissance de l’industrie nipponne, secteur prépondérant de son économie pourtant très dépendante des importations de  matières premières ( le territoire nippon ne pourvoyant  que seulement 3 ou 4 % des ressources naturelles dont le pays a besoin) ?En premier lieu, les experts attribuent cette réussite à la présence initiale d’un capital humain de qualité, c’est-à-dire des ressources humaines bien formées, la priorité étant accordée à l’enseignement technique et professionnel pour alimenter le secteur productif en main d’œuvre adaptée à ses exigences. Il est rapporté à ce sujet que les lycées et universités ont été introduits au Japon depuis 1872, c’est-à-dire au lendemain de la restauration de Meiji. Autres facteurs, l’esprit d’entreprise, l’investissement dans la haute technologie pour maîtriser les techniques de production de pointe grâce à la recherche-développement ; une coopération féconde entre l’Etat et les entreprises privées ; la forte concentration de grands groupes industriels (zaibatsu devenus keiretsu) ; une production industrielle tournée vers les marchés extérieurs ; une forte éthique du travail, etc. L’ardeur au travail est une valeur cardinale dans la vie de la majorité des Japonais. En 2016, selon les statistiques, 22% d’entre eux travaillaient plus de 50 heures par semaine et ne prenaient que neuf jours de congés par an. L’attention aux détails est essentielle et le collectif prime sur l’individu. En outre, le système de production en flux tendu (production juste-à-temps) et le « toyotisme » ont fait leur preuve et sont érigés en modèle à suivre, permettant ainsi au pays de se reconstruire en un temps record après 1945. L’objectif ultime était de rattraper les Américains au plan de la production.                                                                                                               Japonisation

La trajectoire du Japon explique aussi ses succès. Historiquement, l’ouverture au monde occidental et l’industrialisation de l’archipel ont été bien pensées par des élites dirigeantes visionnaires. Le Japon s’est ainsi appuyé sur les aspects positifs de son histoire et sa longue tradition culturelle pour rebondir après le deuxième grand conflit mondial. « Nous avons perdu nos biens et notre population, mais nous avons notre histoire et une culture inhérente dont nous devrions être fiers. Nous devrions construire notre nouveau pays sur cette base », avait lancé, un brin revanchard, Ichizo Kobayashi, ancien ministre et ancien directeur général du groupe Hankyu.                                                                                                                              

Dans une approche complémentaire, Tatsuya Morita, directeur chargé de la promotion des programmes au Conseil promotionnel « Rekishikaido » (itinéraire de voyage historique du Japon), évoque la japonisation pour expliquer comment le pays a importé des cultures étrangères et développé la sienne. Il soutient, face à des journalistes africains, que « depuis les temps anciens, les Japonais ont appris à accepter les choses nouvelles, mais ils ont examiné la valeur de chacune d’elles pour déterminer si elles étaient vraiment nécessaires ou non. Simultanément, ils ont combiné, recoupé, aligné, supprimé et intégré différentes propriétés et les ont moulées dans des modèles nettement différents de ceux des cultures d’origine de ces nouvelles choses. Dans ce processus, ils ont créé une culture unique au Japon ». On parle alors de « Wakon Yosai », autrement dit, « esprit japonais, apprentissage de l’Occident ». Tour à tour, le Japon a été influencé par la culture chinoise, avec l’envoi de délégations auprès de la dynastie Tang en Chine (630-894). Les émissaires ont ramené la culture et la philosophie pour le développement du Japon (17 000 livres, 50% ou plus de livres en Chine). Brisant la politique japonaise d’isolement volontaire pratiquée de 1639 à 1854,  les Etats-Unis ont demandé au pays d’ouvrir ses ports à l’Occident en utilisant la « diplomatie de la canonnière » en 1853, sous la conduite du commodore Matthew Perry. Cet épisode a comme réveillé le Japon, en lui donnant l’occasion de constater qu’il avait pris du retard en ce qui concerne la puissance militaire. Les contacts intensifs avec l’Occident transforment profondément la société nippone. Le shogun fut forcé de démissionner et le pouvoir a été restitué à l’empereur. Un nouveau gouvernement a été formé par des réformistes.

Ere de Meiji C&r...

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