Musique : revoici les Nubians

Le célèbre duo prépare en ce moment ses 25 ans de carrière et les 20 ans de sa musique.

Les vacances avec Hélène Faussart, ce ne sont pas vraiment des vacances. Elle est au Cameroun pour se reconnecter, mais la chanteuse du groupe Nubians ne rate pas une occasion de travailler. Tant mieux pour les jeunes musiciens. Ils peuvent croquer dans la pomme de l’expérience à la faveur d’un atelier de formation en technique vocale initiée par l’artiste de métier. Sur la scène de la Case des arts, l’espace culturel situé au quartier Essos à Yaoundé, Hélène est attentive. Chrono en main, elle supervise les répétitions de ces jeunes qui, le 11 août dernier ont proposé un spectacle de restitution des savoirs acquis. Ils ont de la chance, eux qui l’ont pour principale enseignante. Sa poésie a nourri les créations de tellement d’artistes, entre autres Talib Kweli, Guru du Gang Starr, Black Eyed Peas, Morgen Heritage (un groupe jamaïcain basé aux Etats-Unis), DJ Spinna. « Je veux collaborer avec des artistes confirmés et des débutants. Le but de ce spectacle est de chanter avec des personnes que j’aime particulièrement, de dévoiler mes goûts musicaux et de vivre cette diversité musicale du Cameroun », rappelle la chanteuse. Hélène Faussart ne se contente pas d’instruire. S’emparer du micro, c’est trop tentant. « J’ai également pris le temps de rencontrer ma communauté musicale. J’ai fait une chanson intitulée « Why » avec Astral Béni. J’espère d’autres collaborations ici au pays comme celle-là à l’avenir », confie l’artiste. Quand on lui demande des news de sa soeur Célia, l’autre élément des Nubians, elle se lance dans une belle annonce. Le public camerounais peut se réjouir. L’année prochaine, le duo formé en 1995 à Bordeaux a inscrit son pays dans les différentes dates de célébration de ses 25 ans de carrière et des 20 ans de la musique des Nubians. Un nouvel album est également au menu. Où étaient passées les créatrices de « Makeda » durant tout ce temps ? Et qu’est-ce qu’elles nous concoctent pour le futur ? On vous dit tout.

 

Vous annoncez pour l’année prochaine la célébration des « 20 ans de la musique des Nubians ». Pour vous, c’est quoi « la musique des Nubians »?

C’est notre univers, tout simplement. Nous sommes Franco-camerounaises, nous avions des parents mélomanes qui écoutaient toutes sortes de musique. Notre maman en particulier aimait la musique camerounaise, mais aussi tout ce qui est Africain. Mais elle aimait également des styles et des musiques d’ailleurs, comme la salsa, les sonorités portoricaines, Harry Belafonte, Celia Cruz. Notre père lui était fan de la musique classique, de Jacques Brel, Leo Ferré. Nous avons grandi dans cette mixité musicale. Et quand nous composions notre musique, nous voulions vraiment faire quelque chose qui nous ressemble, avec les influences que nous avons eues, et d’y imprimer un message qui nous semblait important, à savoir parler du monde noir, parler de l’Afrique. Votre musique met en avant votre métissage dans les textes comme dans les rythmes.

Avez-vous eu le sentiment d’avoir débarqué à l’époque dans le paysage musical français avec quelque chose d’inédit ?

On a participé à promouvoir des musiques différentes, des musiques qui n’étaient pas des standards. Ceci nous a permis de créer une niche pour nous-mêmes. Et à présent, après toutes ces années de métier, on perçoit vraiment les influences de notre musique dans le travail de nombreux artistes ou de mouvements. Pas seulement dans le domaine de la musique, mais également dans des phénomènes comme le mouvement nappy. On a le sentiment que par notre musique, par la valorisation des Noirs et de la femme noire, il y a plus de fierté à s’afficher avec ses cheveux et sa peau au naturel. Vous évoquez souvent le fait que la musique qui parle d’Afrique ou des Noirs, n’était pas appréciée à sa juste valeur à vos débuts en France. Avezvous changé le visage de la chanson française ? Dans l’industrie du disque, je ne sais pas si nous avons changé les choses en France. Mais pour ce qui est de l’inspiration des nouvelles générations, oui, je peux dire que nous avons apporté une certaine dynamique. Quand on voit des artistes comme Imany, Inna Modja ou Asa qui a été signée dans une maison de disque française, je peux dire que nous avons sensibilisé le public français, et nous avons montré que, quelque part, le public qui aime ce registre musical existe. Maintenant je pense que notre musique a reçu un meilleur accueil aux Etats- Unis qu’en France. Il faut le dire, il y a eu une forme de ressentiment quand nous nous sommes lancées en Amérique et que nous avons tout de suite connu le succès. Il y a eu de l’incrédulité aussi. Plusieurs personnes étaient dubitatives face à notre succès. Mais oui, l’Amérique nous a portées haut comme elle sait le faire. Nous avons été bien accueillies dans la grande famille de la musique afro-américaine. Aujourd’hui, « Makeda » est un classique aux Etats-Unis. Nous avons participé à des émissions mythiques comme « Soul Train » où sont passés Michael Jackson et autres.

Comment avez-vous réussi à vous imposer dans un univers anglo-saxon avec des paroles en langue française ?

Le succès des Nubians aux Etats- Unis, on le doit à la force de la musique, parce que de prime abord, les paroles et la langue n’ont pas été co...

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