« Le vivre ensemble ne saurait demeurer un slogan »

Me Claire Atangana Bikouna, avocat au barreau du Cameroun, représentant du bâtonnier pour les régions du Centre-Sud et Est.

Au plan social, l’année 2019 s’achève sur une note d’espoir : la concrétisation de la première partie du recrutement de 2000 enseignants dans les universités d’Etat, promesse du Chef de l’Etat. Peut-on dire que ce fut une année tranquille pour autant ?

L’année 2019 a été tout sauf tranquille. Au plan politique, avec les revendications nées du processus électoral et les procédures judiciaires qui en ont résulté. Au plan social avec de nombreuses revendications catégorielles pour une meilleure organisation sociale ou professionnelle à l’instar du Barreau du Cameroun, dont je suis membre. Rien n’a été facile, y compris la mesure prise par le chef de l’Etat pour le recrutement des enseignants dans les universités. De nombreuses voix se sont élevées là aussi pour protester contre le processus mis en place, mais plus prosaïquement pour dire leur déception de n’avoir pas été retenues.

Autre défi de cette fin d’année, l’éternel combat pour la maîtrise des motos-taxis. Quelle formule finalement pour canaliser cette activité utile, qui sait aussi être dangereuse ?

Lorsque l’activité de mototaxi s’est introduite dans la vie des Yaoundéens, ville que je connais le mieux, il me semble que le délégué du gouvernement avait eu à cœur de leur indiquer leurs zones d’activités afin d’éviter un accroissement du désordre urbain. Avec le temps, on est surpris que cette mesure ait connu un tel relâchement que cette activité destinée à soulager les habitants de quartiers quasiment inaccessibles aux taxis soit devenue un véritable casse-tête social. Je pense qu’il est temps de revenir à cette formule et l’appliquer sans complaisance.

L’année 2020 s’annonce animée, avec notamment de nouveaux hommes à la tête des Communes. Quels changements peut-on en attendre pour le visage des villes camerounaises (assainissement, maîtrise de l’urbanisation, lutte contre le désordre urbain…) ?

L’attente a été longue, mais la décentralisation sera enfin mise en œuvre au courant de cette année 2020. Ce sera le moment de juger les Maires des communes et des villes à l’ouvrage. La décentralisation va apporter une saine émulation entre les communes, entre les villes et même entre les régions. Et la démocratie fera le reste à la fin de l’exercice de leurs mandats des femmes et des hommes qui seront élus par les populations auxquelles au-delà de leurs partis politiques, ils rendent compte.

Sur le plan de la cohésion sociale quelle appréciation faites-vous du durcissement de la loi vis-à-vis du discours haineux et du tribalisme ?

L’adoption de la loi contre les discours haineux et le tribalisme est une très bonne chose, parce qu’elle fixe des limites que dans la fougue du débat politique certains d’entre nous avons eu tendance à oublier. Le « vivre ensemble » ne saurait demeurer un slogan que l’on lance à son interlocuteur pour avoir le dernier mot. Il doit devenir un code de conduite voire un mode de vie, précisément pour la construction de la nation camerounaise, comme une famille dont les membres proviennent de divers horizons ou tribus, mais qu’ils ont à cœur de voir réussir et aller de l’avant, dans l’harmonie et surtout dans la paix. Personnellement, j’appartiens à une génération o&...

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