Manu Dibango : un amour de Cameroun

Il était tellement attaché à la terre natale qu’il vivait avec elle au quotidien.

S’il était donné de résumer Manu Dibango, en dehors de son art épuré et achevé de la musique ou de sa stature internationale incontestée, la simplicité rare de cette icône la disputerait sans aucun doute à son indéfectible attachement à sa terre natale, le Cameroun.  « Je n’ai jamais passé un jour sans surprendre mon esprit et mes pensées en train de se balader ici », confiait-il un jour, alors que l’auteur de ces lignes le raccompagnait à son hôtel, après une conférence de presse à Douala. La voiture était climatisée. Pourtant, sous la chaleur caniculaire de la cité portuaire, il avait fait baisser la vitre, priant le chauffeur, gouailleur, de réserver pour une autre fois, le test de la puissance du véhicule. Puis son visage s’était figé. Point n’était besoin alors d’être devin pour sentir ses poumons se remplir du vent venu du fleuve. A sa demande, le chauffeur s’était arrêté au niveau des bâtiments abritant les services du gouverneur de la région. Silencieux, Papa Manu avait fixé un moment une bâtisse attenante. L’ancien hôpital de référence de la ville. « Mon papa était médecin ici. Nous autres, vos pères, n’avons pas su ou pu tout faire. Mais nous vous avons. Vous devez travailler à la préservation de ces lieux de mémoire ». Quelques minutes durant, il s’était placé face au fleuve, le regard certainement perdu à l’horizon : « C’est par ce fleuve que je suis parti ».
Parti ? Pas tout à fait. Du moins, jamais en réalité. Parce que Manu Dibango ne s’est jamais départi de la nationalité camerounaise. La seule qu’il a eue jusqu’au moment où le souffle de la vie sur terre l’a quitté. Jamais. Même pas lorsque, calomnié par certains, il envisagea de ne plus « mettre les pieds dans ce pays-là ». « J’étais en colère. Franchement, c’était un coup de gu...

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