Camerounaises en détresse au Moyen-Orient: les attentions du gouvernement

n L’intégralité du propos liminaire du ministre de la Communication lors de son point de presse de vendredi dernier.

« Mesdames, Messieurs les journalistes,
Je vous souhaite la bienvenue à l’occasion de cette rencontre à laquelle je vous ai conviés, pour que nous échangions sur une question préoccupante liée à la situation de Camerounaises ayant à un moment donné, choisi de vivre dans le Moyen-Orient.
Mais avant d’y arriver, je voudrais saluer la présence à mes côtés de Son Excellence Madame le ministre des Affaires sociales et de Son Excellence Madame le ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, qui ont toutes deux accepté de se joindre à moi pour se prêter à cet exercice d’échange avec la presse.
Excellences Mesdames les ministres, soyez donc les bienvenues ici au ministère de la Communication.
Mesdames, Messieurs les journalistes,
Comme je vous l’annonçais tantôt, le sujet qui nous réunit ce jour concerne donc la situation dramatique de certaines de nos compatriotes qui, pour des raisons socio-professionnelles, émigrent dans des pays du Moyen-Orient ; les pays principalement concernés étant le Koweït, le Liban, les Émirats Arabes Unis ou encore l’Arabie saoudite.
Je salue à ce sujet, la présence ici de quatre jeunes femmes - des compatriotes - ayant vécu cette triste aventure, et qui se sont proposées de saisir l’opportunité du présent échange, pour apporter le témoignage vivant de leur malheureuse expérience, afin que celle-ci serve autant que faire se peut, d’alerte et de dissuasion à toutes celles de leurs semblables qui seraient tentées à leur tour, de suivre un tel exemple.
Mesdames, soyez donc les bienvenues parmi nous.
Depuis quelque temps en effet, de nombreuses Camerounaises pour la plupart âgées entre 20 et 45 ans, qui se sont établies dans cette région du monde après une promesse d’emploi, sont victimes d’abus et de maltraitances de toutes sortes, notamment des sévices corporels, des journées de travail sans fin qui débutent aux premières heures de l’aube pour s’achever au cœur de la nuit.
Très souvent, elles sont mal rémunérées ou même sans salaire, séquestrées et donc coupées de toute communication avec l’extérieur. Privées de leurs passeports dès leur arrivée à leur lieu de destination, elles sont ensuite soumises à des conditions d’hébergement et d’alimentation particulièrement précaires.
Régulièrement battues et victimes de viol, il leur arrive d’être menacées de mort, ou alors rejetées par leurs employeurs, revendues telles des bêtes de somme ou carrément assassinées.
Psychologiquement fragilisées et en général traumatisées, certaines d’entre elles ont trouvé le suicide comme unique issue pour leur libération.
Mesdames, Messieurs les journalistes,
L’un des objectifs assignés à la présente communication réside dans la volonté du gouvernement d’alerter les personnes visées, et d’une manière générale le public, sur les graves dangers qu’encourent celles de nos familles qui, se laissant appâter par l’illusion d’un monde meilleur et venu d’ailleurs, ne tardent pas à déchanter et à se rendre à l’évidence que les mirages d’hier se seront très vite transformés en des drames parfois irréversibles.
La présente communication nous offre donc l’opportunité de décrire afin de l’exposer, le mode opératoire de ces réseaux de trafiquants.
Après avoir établi des contacts en amont avec des agences de recrutement basées dans les pays d’émigration, des démarcheurs locaux approchent sur place des personnes correspondant aux profils requis par leurs mandants étrangers. Ces démarcheurs promettent à leurs proies des emplois situés à un bon niveau de rémunération à l’étranger.
En réalité, ces jeunes femmes sont alors loin de s’imaginer qu’elles viennent de tomber ainsi dans les serres de dangereux rapaces prêts à tout pour tirer le meilleur gain possible de leur déportation vers l’inconnu.
Une fois l’accord scellé avec la victime ou sa famille, le trafiquant local peut compter sur la mise à disposition d’une somme de 2 000 dollars américains, soit environ un million de francs CFA, qui lui sont payés par son complice à l’étranger.
Cette somme, qui lui est versée par tranches successives, sert à couvrir la chaîne des formalités préalables à savoir les visites médicales, l’établissement d’un passeport ordinaire, le coût du visa d’entrée dans le pays d’accueil, l’achat d’un billet d’avion aller simple du Cameroun vers ce pays d’accueil.
La dotation de 2000 dollars comprend également la rémunération du démarcheur-passeur local généralement arrêtée à la somme de 800 dollars et payée en deux tranches égales de 400 dollars chacune, la première étant versée à l’avance et le solde à la prise de possession de la victime par son cerbère à l’étranger.
Mais non content d’être ainsi payé, le trafiquant local se fait toujours rémunérer une seconde fois par la victime ou sa famille. Il arrive même que cette partie de l’opération rapporte encore plus gros au trafiquant que celle réalisée directement avec les agences étrangères.
Arrivée sur place, la victime subit dès l’aéroport, une contre-expertise médicale au terme de laquelle, si celle-ci est concluante, elle est récupérée tel un colis, par l’agent étranger.
Une fois récupérée, la victime est présentée à son futur employeur par son agent recruteur. Cette phase se déroule au siège de l’agence ou ce qui en tient lieu. Signalons qu’il peut s’écouler plusieurs jours entre la prise de possession de la victime à l’aéroport et la séance de présentation au futur employeur. Dans cet intervalle, la victime est en situation de séquestration physique.
Lorsque l’employeur potentiel juge la préposée à l’emploi conforme à ses désidératas, la victime est immédiatement mise en service et son supplice peut alors commencer.
En cas de rejet de la proposition par l’employeur potentiel, le trafiquant étranger récupère la victime et entreprend de la vendre au second marché. La victime est alors exposée sur une place publique dédiée à cet effet. Elle y est explorée et palpée par ses éventuels acheteurs, puis livrée au plus offrant.
Voilà donc, Mesdames, Messieurs les journalistes, comment se présente le modus operandi de ce commerce humain, véritable traite des temps modernes et qui, partant d’une illusion du mieux-vivre ailleurs, s’achève malheureusement par un redoutable cauchemar, des traumatismes indélébiles, et parfois même par la mort de la victime.
Nous avons voulu le dire ici avec les mots que nous estimons les plus justes, les plus révélateurs de la triste réalité vécue par nos compatriotes dans ces odyssées d’un autre genre.
Le gouvernement, par ma voix, en appelle donc à la vigilance et à la prudence de nos compatriotes et de leurs familles, exposées qu’elles sont à tout moment aux affres d’une aventure au bout de laquelle, en lieu et place de l’eldorado qui leur est promis, elles finissent par vivre un enfer insoutenable.
Informé de cette situation qui l’interpelle dans ses devoirs d’assistance et de protection de tous les citoyens, y compris lorsque ceux-ci se trouvent en terre étrangère, le gouvernement en a pris la pleine mesure et entrepris des actions visant à y mettre un terme.
C’est ainsi qu’au plan diplomatique et sur les Très Hautes Instructions du chef de l’État, Son Excellence Paul Biya, une mission interministérielle de haut niveau conduite par le ministre délégué auprès du ministre des Relations extérieures, chargé de la Coopération avec le Monde islamique, a été dépêchée du 22 février au 03 mars 2016 dans les pays concernés par ce phénomène, à savoir le Liban, le Koweït, le Qatar et les Émirats Arabes Unis.
L’objectif principal de cette mission était de sensibiliser les autorités de ces pays sur la nécessité de préserver les droits de nos ressortissantes victimes de maltraitances. De nombreux contacts ont alors été établis tant avec les administrations en charge des affaires étrangères qu’avec celles en charge du travail, de la police, des organisations non-gouvernementales et des syndicats des agents recruteurs basés dans ces pays.
À chaque étape, la délégation camerounaise a rencontré les représentants de notre diaspora, afin de prendre le pouls de la situation exacte des maltraitan...

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