« Une invitation à rentrer dans mon intimité »

Charlotte Dipanda, artiste musicienne.

Votre cinquième album est baptisé « CD » comme vos initiales. Peut-on déduire que vous vous livrez complètement dans cette nouvelle sortie ?

Je voulais que cet album porte mon nom. J’en ai d’ailleurs écrit tous les textes. Pour les précédents opus : « Mispa », « Dube l’am », « Un jour dans ma vie », « Massa », il y avait toujours une sorte de fil conducteur, une énergie que je voulais partager avec le public. Donc pour moi, « CD », c’est la manière la plus simple de me dévoiler et de me présenter au public après plus de deux ans d’absence. Je me raconte le mieux en réalité dans cet album. Les thématiques abordées sont plus frontales, plus directes. Je ne rase pas les murs, je ne me fais pas passer pour quelqu’un que je ne suis pas. D’habitude je raconte les histoires de personnes autour de moi. « CD » est une invitation à rentrer dans mon intimité. Je présente au public mes faiblesses et mes forces, ce qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui. Je me dévoile réellement sur ce projet-là. Cela se voit sur des titres comme « Father » où je remercie Dieu pour la musique dont il m’a fait grâce, ou « Mama » où je parle de ces femmes, équilibres de la famille, qui m’ont élevée et structurée en tant qu’être humain.

« CD » ressort avec des titres comme « Ndolo Na » cet attachement que vous vouez à vos origines. Quel apport la tradition a-t-elle dans le processus de composition de vos albums ?

Je m’érige en tant que représentante de ma tradition, ma culture. On ne parle pas beaucoup de la mémoire génétique quand on parle de nos projets artistiques, pourtant elle a une place énorme dans la création de notre musique. Je n’ai pas grandi à Ebone, mon village, (Ndlr : département du Moungo, région du Littoral), mais cette musique fait partie de moi, de mon identité. Le rythme traditionnel de chez moi, je le compose de manière naturelle. C’est important que nous nous souvenons d’où nous venons, car notre culture est le plus que nous avons par rapport aux autres. Je suis d’ailleurs très attachée à nos langues maternelles. En tant que choriste, j’ai chanté pour de nombreux artistes dans leurs langues, et donc je peux aujourd’hui chanter dans n’importe quelle langue tant que le message me porte ou que je ressens une certaine sensibilité.

L’amour est une fois de plus très présent dans ce nouvel album comme dans votre travail de manière générale. Comment parvenez-vous à le réinventer à chaque fois ?

J’ai conscience de l’importance de l’amour dans la vie, au quotidien. Ma relation avec Dieu, elle a encore davantage grandi, et pour moi, grandir dans ma foi c’est grandir dans ma façon d’aimer les autres. Quand une relation ne marche pas, c’est parce que nous n’arrivons pas à dire à l’autre que nous l’aimons, ou alors, il ne le comprend pas. Manifester son amour à son prochain est selon moi, le centre de la vie d’un humain. Cet album a été fait au Cameroun, en Côte d’Ivoire et en France. A chaque fois que nous avons commencé une chanson, nous avons été nourris par les endroits et les personnes impliquées dans le projet. Je voulais que la personne qui écoute cet album ressente toutes ces influences qui ont produit cet album que nous avons aujourd’hui. Quelques collaborations ont porté l’album avant sa parution, notamment celle avec Koffi Olomidé qui est une icône pour nous les Africains, une légende. Ce type de collaborations permet à mon public de se rendre compte que je continue de grandir, et la sollicitation des autres artistes démontre bien le respect qu’ils ont de ma personne. Et je suis ravie de présenter cette reconnaissance, cet amour avec mon public.

Ce cinquième album intervient dans un contex...

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