« Nous inventons nos propres modes de récit »

Hervé Yamguen, plasticien et membre du collectif Kapsiki.

Comment le projet « Les Fables du calao » s’inscrit dans l’exposition « Zone Franche » et dans l’objectif global de la saison Africa 2020 ?
Pour commencer, nous avons intitulé notre projet « Les Fables du calao » parce que nous souhaitions raconter des histoires. Et l’idée même de nos cultures est portée par des histoires, par des contes, par des devinettes et on voulait y faire un clin d’œil dans ce projet en explorant des notions qui sont de notre culture. On a donc le calao qui, dans la culture senoufo, est le médiateur entre les vivants et les morts. Mais dans le cadre du projet, nous sommes dans l’idée du voyage entre ici Douala et Paris, au quartier de la Goutte d’Or. Il était donc question de voir comment faire pour que les histoires circulent entre ces deux espaces. Et le projet est lié à l’objectif global de la saison Africa 2020 dans le sens où il s’agissait de voir comment nous, artistes africains, pouvons nous-mêmes porter nos propres signes et les donner à voir et à comprendre ailleurs. Que ce soit nous-mêmes qui inventions nos propres modes de récits.

De tous les oiseaux, pourquoi le choix du calao en particulier ?
 Nous avons choisi le calao, parce que quand on a commencé à réfléchir entre nous membres du collectif Kapsiki, on s’est dit qu’en réalité, comme c’est dans le cadre d’Africa 2020 qu’on devait agir, il fallait trouver une symbolique assez forte non seulement qui parle de l’idée du voyage, mais aussi qui rappelle la présence de l’art classique africain dans le contexte par exemple parisien dans lequel le projet s’est réalisé. Cela parce qu’on est aussi dans une période où on parle de plus en plus de la restitution des objets classiques qui ont été pillés lors de la période coloniale. Et nous nous sommes dit que le calao est fortement représenté dans la sculpture classique africaine. C’était un autre clin d’œil. 

Comment se décline le projet dans sa réalisation ?
Il y a une partie du projet qui s’est faite à l’intérieur de l’exposition « Zone Franche » dans les murs de l’Institut des Cultures d’Islam. L’autre partie s’est déployée dans le quartier de La Goutte d’Or où on a choisi 14 lieux spécifiques. Et à partir de la particularité de chaque endroit, on a installé les calaos et fabriqué des histoires spécifiques. Donc une personne qui veut voir cette partie de l’œuvre doit rentrer dans La Goutte d’Or. Il y a de la signalétique qui existe. Ainsi, quand un visiteur fait le parcours, s’il découvre un calao, il peut à partir de son téléphone rentrer, à travers l’application Soundways, dans un système qui a été mis en place pour découvrir le projet et accéder au circuit. A travers son Smartphone, il commence à déambuler dans le quartier et à écouter des sons qui lui sont offerts. 

Dans ces sons, on découvre vos rencontres avec des artistes ici au Cameroun et à Paris. Pourquoi cette association ?
Il s’agissait d’ouvrir à la diversité de la perception, parce qu’enregistrer un artiste qui parle de lui à partir d’ici et ramener ça sur Paris, croiser avec un autre artiste qui vit dans le contexte parisien, qui parle aussi de lui là-bas, les faire se rencontrer, tout cela c’est aussi une manière de mettre en avant le déplacement. Parce qu’on voulait à tout prix que les visiteurs soient dans un déplacement mental, qu’ils comprennent les histoires qui sont en train d’être racontées, mais au même moment, que cela les ramène au cœur des histoires humaines, au-delà de celles des frontières.

Qu’est-ce que cette expérience a apporté au collectif Kapsiki ?
En tant qu&rs...

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