« L’affichage de signes extérieurs fait naître l’envie et la jalousie»
- Par Assiatou NGAPOUT M.
- 02 nov. 2021 12:38
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Stéphane Akoa, socio-politique, chercheur à la Fondation Paul Ango Ela de Géopolitique en Afrique centrale (Yaoundé)
Les membres des familles restées au pays ont souvent tendance à survaloriser leurs proches de la diaspora. Pourquoi ?
La crise généralisée l’informatisation croissante des économies, l’effondrement des systèmes scolaires et l’explosion du chômage, la compétition pour l’appropriation des ressources mais aussi la circulation accélérée des individus et des marchandises dans un contexte de globalisation culturelle, sont autant de facteurs qui ont considérablement bouleversé les structures politiques et marchandes ainsi que les pratiques individuelles, les codes de moralité et les imaginaires populaires de la réussite. La figure de l’intellectuel diplômé (ou de l’« évolué », pour reprendre une terminologie coloniale) a vu sa valeur sociale se dégrader pour être remplacée, repoussée, évincée au bénéfice de nouveaux référents sociaux produits par des itinéraires d’accumulation?particuliers. On repère ainsi, depuis une trentaine d’années environ, des trajectoires, des ascensions, des modes d’accumulation qui associent le local et l’international, le formel et l’informel, souvent même le licite et l’illicite. Le succès, se construit désormais à l’opposé des itinéraires classiques d’ascension sociale, fondés sur les diplômes et le capital social. Et nos proches de la diaspora sont regardés comme des détenteurs d’un pouvoir exceptionnel, à la fois pour avoir su s’extraire d’un « univers infernal » et aller (parfois au prix de périlleuses aventures) ailleurs, trouver fortune.
Des cas d'arnaque et d'escroquerie sont monnaie courante. Pourquoi le fait de vivre à l'étranger change-t-il autant le regard et la relation avec sa famille ?
Les représentations sociales et morales de la réussite varient, d’une société à l’autre, c’est évident, tout comme il existe aussi, à l’intérieur même de chaque société, une multitude d’échelles du succès, qui fluctuent d’un groupe à l’autre, dans le temps et dans l’espace. Mais il convient d’admettre que les communautés, dans l’Afrique contemporaine, sont désormais toutes traversées par la « culture matérielle du succès », où la mesure de la réussite est dictée par l’argent qui permet l’acquisition d’objets (maison, voiture, vêtements, gadgets…) qui nous distinguent des autres. Ce n’est donc pas tant le fait de vivre à l’étranger qui change le regard et la relation avec sa famille, c’est avant tout l’affichage de signes extérieurs qui fait naître l’envie, la jalousie… Et comme il faut une explication à to...
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