« Le Cameroun fait l’objet de convoitise »

Pr. Frank EBOGO, maître de Conférences, expert des questions de défense et de sécurité, université de Yaoundé II.

Qu’est ce qui explique la récurrence des attaques dont notre pays est l’objet de la part de certains médias et de certains acteurs sociaux, comme cela a été observé la semaine dernière encore sur la chaîne France 24, ceci à l’approche de certains événements majeurs ?
Depuis plusieurs années, le Cameroun fait l’objet d’une intense et soutenue campagne de désinformation et déstabilisation. Ces opérations, pilotées de l’intérieur et de l’extérieur, par certains médias, des partis politiques et des organisations de la société civile, deviennent chroniques à l’approche de grands évènements. Deux grandes raisons peuvent expliquer ces opérations souterraines. La première, guidée par des logiques de politique interne, vise à conforter l’image d’un pouvoir politique corrompu et insensible à la souffrance du peuple. C’est pourquoi, certains partis politiques, notamment ceux qui sont très actifs à l’étranger, répandent ces idées reçues afin de se positionner dans le champ politique. La deuxième raison est inhérente aux calculs géopolitiques et géoéconomiques. Le Cameroun, comme l’ensemble du continent africain, fait l’objet de convoitise de la part des puissances classiques et émergentes. Dans cet environnement concurrentiel, les médias deviennent, non seulement des instruments idéologiques, mais également des outils d’intelligence économique au service des Etats. Les médias, en tant que 4e pouvoir, peuvent mobiliser ou démobiliser l’opinion, faire ou défaire des régimes. Il n’est donc pas exclu que le Cameroun paie le lourd tribut de l’attribution des marchés de la CAN à certaines entreprises au détriment d’autres. 

Quel intérêt ont-ils à toujours à peindre en noir les politiques publiques mises en place par l’Etat, à l’effet d’améliorer les conditions de vie des populations et renforcer la cohésion sociale ?
Il y a quelques mois, un haut dirigeant de la Confédération africaine de football (CAF) dénonçait la diffusion d’informations erronées sur le déficit des infrastructures hospitalières et hôtelières mobilisées dans le cadre de la CAN. Il s’étonnait surtout de la participation de certains compatriotes à ces campagnes de dénigrement et de déstabilisation. A partir de cet exemple, on peut dire qu’une campagne de désinformation à deux principales visées, généralement complémentaires. Le premier intérêt est personnel : ceux qui se cachent derrière des actions subversives sont, soit mus par l’appât du gain, soit par des ambitions politiques. Le second intérêt se ramène à la participation à un projet de déstabilisation orchestré par une puissance étrangère. Beaucoup de compatriotes participent, consciemment ou non, à des opérations visant à désinformer l’opinion publique. Le résultat ultime recherché est sans doute de saper le moral des Camerounais ou d’inhiber toute créativité. Au-delà de toutes ces manœuvres, on doit surtout louer la capacité de résilience du peuple camerounais. En effet, toutes les campagnes de déstabilisation menées sous couvert des « villes mortes », des émeutes de la faim, de la criminalité transfrontalière, du terrorisme et du séparatisme anglophone n’ont pas entamé la détermination des Camerounais. C’est dans l’adversité que la pugnacité et l’opiniâtreté des Camerounais se révèlent. ...

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