L’heure du grand saut

2022 s’annonce. Déjà. Il faut dire qu’avec la crise sanitaire, fédérée à d’autres crises latentes ou ouvertes, dans le monde, ce n’est pas dans une grande euphorie que les hommes voient basculer le temps. Le terrorisme et l’extrémisme violent étaient déjà une plaie béante, lorsque les revers de la mondialisation ont allumé les sirènes des nationalismes et réveillé les replis et revendications identitaires, suivis d’une poussée protectionniste sans précédent chez ceux-là mêmes qui prêchaient l’ouverture tous azimuts comme l’ADN de l’économie de marché. Au regard des désordres et des soubresauts que cette pandémie entraîne par ailleurs dans tous les cycles économiques, de la production aux approvisionnements, on peut penser que malgré les progrès scientifiques et médicaux enregistrés depuis deux ans, le Covid-19 reste une menace de stagnation sociale et économique à l’aube de l’année qui s’annonce.
Un tel constat relève du pur réalisme et ne suggère nullement le désespoir, encore moins le fatalisme et la résignation comme modus operandi pour conjurer la menace. Résister à l’effondrement psychologique et économique est pour les pays un combat pour la survie, qui se gagne à la force du mental. Il s’agit pour les dirigeants des nations de cultiver la résilience, de transcender les peurs et les disruptions de parcours, d’insuffler l’espoir, de travailler en faisant feu de tout bois, dans le but ultime de poursuivre une trajectoire de développement qui pourrait être compromise.
Entrer dans la résistance, continuer à réaliser son agenda politique et socio-économique : c’est bien ce que le Cameroun s’est efforcé de faire au cours de l’année qui s’achève. Touché au cœur, comme d’autres pays à revenus intermédiaires, aux systèmes hospitaliers inadaptés et aux économies fragilisées, le Cameroun, sous la houlette du chef de l’Etat, a pris le taureau par les cornes pour préparer sa riposte sanitaire. Résultat : une maîtrise reconnue de la flambée épidémique, avec un taux de létalité relativement faible. On peut même penser qu’en encourageant la recherche sur les plantes médicinales dans la quête d’une thérapie appropriée, le Cameroun a bonifié au double plan social et scientifique, une période que l’Histoire retiendra comme essentiellement mortifère, déprimante et destructrice.
Continuer à avancer coûte que coûte, malgré l’effroi, les polémiques sur l’utilisation des fonds, c’était aussi pour le président de la République, la poursuite des efforts de pacification des zones de conflit, en particulier le suivi méthodique des recommandations du Grand dialogue national et la mise en œuvre du Statut spécial du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Sans oublier l’urgence d’avancer à grandes enjambées vers la décentralisation, perçue par les Camerounais comme le chantier politique majeur.
D’autres chantiers, à dominante économique, ont aussi meublé une année 2021 peu ordinaire : l’achèvement des grands projets structurants et des chantiers de la Coupe d’Afrique des nations de football ; le monitoring des réformes économiques stratégiques, nationales et sous-régionales, et, last but not the least, la vulgarisation et la mise sur les rails de la nouvelle Stratégie nationale de développement à l’horizon 2030 (SND 30), basée sur la transformation structurelle de l’économie et l’éducation.
Des travaux d’Hercule en somme, amorcés ou en friche, conduits sous un ciel souvent orageux. Car le Cameroun continue de faire face, au-delà des attaques terroristes de Boko Haram à l’Extrême-Nord, à la violence aveugle des combattants sécessionnistes et aux incursions des bandes armées à la frontière centrafricaine. Et il fait front, avec une rare détermination. Cruel paradoxe alors que cette année 2021, qui fut autant une année de guerre et de crise, qu’une année de travail acharné. Mais, n’est-ce pas en définitive, le lot de bien des nations, dans le bouillonnement actuel de la planète sous l’effet conjugué des crises sanitaire, économi...

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