« L’Afrique doit…structurer ses partenariats »
- Par Jeanine FANKAM
- 30 déc. 2021 13:12
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Dr Christian Pout, ministre plénipotentiaire, président du Think Tank CEIDES, Directeur du Séminaire de géopolitique africaine à l’Institut catholique de Paris.
Quelle est, selon vous, l’actualité internationale qui a marqué le monde en 2021 ?
L’actualité internationale qui a, à mon sens dominé la scène mondiale est celle liée à la pandémie de coronavirus, ses variants et leurs conséquences. Selon un site spécialisé (Statista 2021), le nombre de personnes infectées par le coronavirus (COVID-19) dans le monde au 16 décembre 2021, était d’environ 270 millions et on dénombrait déjà près de 5,3 millions de décès. On constate que ce virus continue de faire des ravages en particulier auprès des catégories les plus à risque que sont les personnes âgées (de plus de 80 ans) ou celles atteintes de pathologies antérieures. A ce jour, l’OMS juge la situation très préoccupante dans la mesure où le taux de létalité du virus évalué entre 2 % et 3 % risque évoluer avec l’apparition de nouvelles séquences génétiques différentes (variant). La plus infectieuse est le B.1.351 ou le 501Y.V2, qui a été identifiée en Afrique du Sud, au Botswana et en Zambie. On comprend donc pourquoi ce sujet a préoccupé la communauté internationale avec ses corollaires que sont le débat sur la vaccination, notamment du point de vue des inégalités entre pays riches et pays pauvres, la question de la relance post-Covid-19 ou même de la résilience face à une crise sanitaire qui se prolonge. 2022 aussi va démarrer sur fond de grandes incertitudes liées à cette pandémie.
Il y’a eu le Sommet sur le climat en Ecosse où il a été constaté que l’Afrique attend toujours les financements promis contre le changement climatique. Il y’a eu de nouveaux engagements. Que doit-on en attendre ?
Le financement de l’adaptation au changement climatique a été au centre des discussions le mois dernier à Glasgow lors de la COP26. Pour accélérer la mobilisation des 100 milliards de dollars qui devaient être réunis avant 2020 depuis le sommet de Copenhague en 2009, l’Acte final de la COP26 a appelé à une mobilisation « de toutes les sources pour atteindre le niveau nécessaire à la réalisation des objectifs de l'Accord de Paris, y compris en augmentant sensiblement le soutien aux pays en développement parties, au-delà de 100 milliards de dollars par an ». Toutefois, je tiens à dire que la conjoncture sanitaire et économique que traverse le monde ne permet pas de garantir que ce montant puisse être mis à disposition d’ici à 2023. Toujours est-il que des voix s’élèvent pour dénoncer le fait que l’Afrique qui est le continent le moins pollueur, mais le plus vulnérable aux changements climatiques n’a concentré jusqu’en septembre 2021 que 26 % des financements climatiques dans le monde alors qu’il représente 40% des pays éligibles à l’aide. Il y’a des raisons d’espérer une réévaluation de l’enveloppe dévolue au continent. Des signes allant dans ce sens ont été perçus le 3 novembre 2021, lorsque les pays développés ont annoncé la mise en place d’un fonds de 1,5 milliard de dollars pour protéger la forêt du bassin du Congo. A côté des aspects financiers, il y’a lieu d’attendre une implication plus volontariste de la part des pays développés et des partenaires en Afrique sur des questions relatives au maintien des droits humains et des droits des peuples autochtones ; des approches plus sensibles au genre ; plus de transparence ; le respect des échéances des CDN ; une surveillance assidue dans le développement de projets liés aux hydrocarbures et au charbon.
En 2021, il y’a eu cette rivalité Chine/Etats-Unis, permanente, offensive. Peut-on craindre qu’une concurrence économique débouche sur un conflit plus pernicieux ?
Effectivement, le duel sino-américain peine à s’estomper malgré le changement de leadership à la tête des Etats-Unis et la persistance de la Covid-19 comme crise sanitaire majeure menaçant la sécurité internationale. Le piège de Thucydide semble inéluctablement vouloir se refermer sur la Chine et les Etats-Unis. Ce dernier postule que : quand une puissance ascendante menace de supplanter une puissance établie, quelles que soient ses intentions, il en résulte une telle tension structurelle que le conflit violent devient la règle et non l’exception. Néanmoins pour l’instant, je dirais que le recours à la violence armée entre ces deux puissances apparaît plus comme un argument de surenchère politique et diplomatique que comme une volonté manifeste d’en découdre. Il est évident que ces grandes puissances sont très au fait des conséquences désastreuses, voire irrémédiables qu’une altercation violente pourrait avoir sur elles-mê...
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