A chacun son bilinguisme

S’ils n’échangent pas toujours dans la même langue, les Camerounais se comprennent pour la plupart. Beaucoup s’adaptent à l’expression de leurs interlocuteurs.

A 11h, ça se bouscule déjà dans le café-resto de Berthe Lum Ntabifor au Carrefour Vogt à Yaoundé. Eru, waterfufu, ndolè et riz sont prêts. Sans un bonjour, Raina K. lance juste un « Eru-couscous de Tapioca. Tu en as j’espère ». Berthe se plie en quatre pour servir cette cliente. « Je suis ici pour servir mes clients. Heureusement, je comprends bien le français et l’anglais. Pas besoin qu’elle m’explique pendant longtemps ou en anglais », explique la tenancière. Dans cet espace, Berthe Lum reçoit des clients s’exprimant en anglais et en français.

Son avantage : avoir grandi dans la ville de Nkongsamba, une ville où domine le français. Un luxe que ne peut se permettre Victor Merlin Kana, son client. Dégustant son plat de ndolè, il envie presque la patronne des lieux qui slalome entre le français et l’anglais. « J’ai essayé mais ça ne passe pas. Ça aurait été mieux si j’avais grandi dans le Nord-Ouest ou le Sud-Ouest. Ce qui compte pour moi, c’est qu’elle comprend toujours lorsque je passe ma commande », dit-il.

Autre logique pour Marie-Claire Lukong au quartier Biyem-Assi. Installée aux aurores devant des légumes à nettoyer, elle accueille avec un large sourire toute personne l’approchant. « Je sais que beaucoup de femmes aiment cuisiner ces feuilles. Je fais souvent des erreurs mais depuis cinq ans que je suis installée ici, j’apprends. Mes clients aussi font l’effort de comprendre, surtout lorsque je leur explique la recette des mets », dit-elle. Le français n’aura bientôt plus de secret pour elle. Marie-Claire Lukong avoue toutefois privilégier le pidgin, un argot local de l’anglais. « J’échange plus facilement ainsi », avoue la commerçante.

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