« Le discours des Européens va changer »

Dr Simon Pierre Omgba Mbida, ministre plénipotentiaire et internationaliste.

Au terme de leur 6e sommet tenu les 17 et 18 février derniers à Bruxelles en Belgique, l’Union européenne et l’Union africaine se sont engagées pour un « partenariat rénové ». Au fond, qu’est-ce qui va concrètement changer ? 
Ce qui change fondamentalement ici est le discours des Européens qui tient désormais compte des spécificités et des exigences de l’Afrique comme cela est clairement indiqué dans le communiqué conjoint en ce sens que ce partenariat renouvelé sera fondé sur la situation géographique, la reconnaissance de l'histoire, les liens humains, le respect de la souveraineté, la responsabilité et le respect mutuels, les valeurs partagées, l'égalité entre les partenaires et des engagements réciproques. Il vise à être l'élément moteur de la promotion de nos priorités communes, des valeurs que nous partageons, du droit international ainsi que de la préservation conjointe de nos intérêts et biens publics communs. Cela comprend, entre autres, la sécurité et la prospérité de nos citoyens, la protection des droits de l'Homme pour tous, l'égalité de genre ainsi que l'autonomisation des femmes dans tous les domaines de la vie, le respect des principes démocratiques, la bonne gouvernance et l'État de droit, les actions visant à préserver le climat, l'environnement et la biodiversité, la croissance économique durable et inclusive, la lutte contre les inégalités, le soutien aux droits de l'enfant et l'inclusion des femmes, des jeunes et des plus défavorisés. Il s’agit d’une vision transversale chère à l’Afrique, à la fois éthique et bioéthique des problèmes. Malheureusement, seul le transfert des technologies auquel l’Afrique tient énormément n’est pas encore véritablement acquis pour le moment et pour cause.

L’Afrique réclame plus de considération et de respect de l’Europe ainsi qu’une coopération dépouillée de tout complexe. Ce vœu peut-il prospérer ? 
L’Afrique aujourd’hui est très courtisée par le monde entier et a donc un choix multiple et multiforme de partenariats. Une région ou un pays quelconque ne peut plus faire un chantage outrancier au continent en matière de coopération multilatérale. C’est d’ailleurs, très conscients de cette position de force et d’attractivité extraordinaire que les chefs d’Etat et de gouvernement de l’Union africaine avaient pris, il y a quelques années, la sage décision de stopper la mise en place des partenariats nouveaux sollicités ça et là à travers le monde pour en faire une  évaluation dans l’intervalle pour déterminer au cas par cas la voie à suivre afin de tirer avantage de toutes ces offres plus ou moins alléchantes pour nos peuples et nos pays respectifs. C’était donc la condition sine qua non pour parvenir à une coopération dépouillée de tout complexe pour un partenariat gagnant-gagnant, malgré la réalité des puissances et des forces inégales entre l’Afrique ou les pays africains avec beaucoup de leurs partenaires en général.

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