Freins à l’égalité : le poids des préjugés

Mme veuve Tsogo, 57 ans, femme au foyer, reste marquée par l’ombre de son défunt mari. Plusieurs années après le décès de ce dernier, elle n’arrive pas à se défaire de sa tutelle et prendre des décisions dans sa maison. C’est son fils aîné de 30 ans qui les prend. Elle s’y est habituée et trouve la situation normale. « Je n’ai jamais eu le droit de parler quand mon mari le faisait. Je n’avais même pas le droit de m’asseoir à sa table. Et même quand il voulait prendre des décisions il n’appelait que ses fils. Ils n’étaient pas en âge de comprendre, mais il les réunissait. Pourquoi après sa mort, je devrais faire le contraire ? C’est la coutume qui veut ça », lance dame Tsogo, résignée mais apparemment convaincue de la justesse de son raisonnement. Arrivée en mariage à l’âge de 16 ans, elle épouse cet homme qui a 20 ans de plus qu’elle. Tout de suite, crainte, respect de l’aîné tel que « sa mère lui a expliqué » s’installent. Cette éducation elle va même la transmettre à sa jeune fille aujourd’hui âgée de 20 ans. « Nous, on sait que les femmes s’occupent des tâches ménagères, du mari et des enfants. Le reste c’est pour les hommes. »
Autre cas de figure, celui d’Yvonne Mbey, 35 ans. La jeune institutrice n’a jamais su gagner le respect de son époux. « C’est à peine si ce que je dis est considéré. Parfois je me sens ridicule devant mes enfants ou même ses amis. J’ai même peur de dire des choses par crainte d’être reprise en public. » Une situation difficile qui l’a souvent poussée à se taire, à ne pas réagir devant l’époux qui a fait de « longues études et qui connaît tout ».
Parlant d’égalité homme-femme, les sociologues indiquent que ces deux cas de figure font partie des freins à l’épanouissement de la femme. D’après eux, des comportements sociaux et culturels de ce type sont bien enracinés. C’est là qu’interviennent notamment les stéréotypes, définis par les spécialistes comme « un ensemble de généralisations, de catégories, d’attributions et d’étiquettes profondément ancrées ». Le Dr Guebou, sociologue, en analyse les conséquences sur la relation homme-femme : « Ces rôles et stéréotypes sexuels permettent à l’exclusion et à la discrimination de se manifester. Ils...