Interview : « Le peuple libyen souverain pourrait faire la différence… »
- Par Eldickson Agbortogo
- 08 mars 2022 09:59
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Dr. Mariette Edimo Mboo, Enseignante permanente à l’Institut des Relations Internationales du Cameroun (IRIC).
Quelle appréciation faites-vous de la situation politique en Libye ?
La Libye post Mouammar Kadhafi s’est bipolarisée institutionnellement. En effet, dix ans après la mort de celui qu’on appelait le "Guide de la révolution", le pays est désormais divisé entre le gouvernement de Tripoli et les forces du maréchal Haftar. Ce manque de cohésion dans la gestion de la gouvernance libyenne a pu entrainer un risque de fragmentation totale du système sécuritaire de ce pays. Du coup, c’est un tableau sombre de la Libye qu’on serait tenté de peindre aujourd’hui au regard des maux qui le minent tels que? le manque d’institutions opérationnelles, les milices armées ainsi que la prolifération des armes dans cet environnement.
Cependant, ce désordre entamé en 2014 entre le gouvernement de Tripoli reconnu par l’ONU et les soldats du maréchal Haftar, maitre de l’est du pays, soutenu par une demi-douzaine d’Etats, mais d’une manière clandestine a à un certain moment tendu à l’apaisement. Cet espoir a mis deux ans, ceci se justifiant par le niveau de violence en baisse, grâce à l’appel à un cessez le feu effectif et immédiat de la part des puissances étrangères impliquées.
Calme apparent qu’on a pu imputer aussi bien à la Russie qu’à la Turquie en plus de la realpolitik qui s’y déploie à travers l’implication des diplomates internationaux. Seulement, les faits relevés depuis le report des élections dans ce pays sont moins propices à un retour à la paix. Sans omettre les enjeux d’ordre économique et géostratégique énormes justifiant la présence des puissances étrangères dans ce territoire. Il n’en demeure pas moins que le peuple libyen souverain pourrait faire la différence en s’appropriant par exemple la troisième théorie universelle devant permettre, selon le guide de la révolution, au peuple d’exercer effectivement son pouvoir.
En décembre 2021, des élections générales devaient avoir lieu, mais elles n’ont pas pu se tenir.
Un rempart contre la tyrannie, l’égalité des droits entre les citoyens, la rotation des gouvernants, l’élection ou le peuple est comme juge, la protection des libertés individuelles sont autant d’indices démocratiques pouvant favoriser la tenue d’une élection dans une démocratie. Cependant, des clivages partisans entre le Front patriotique, le club Omar al-MOUKHTAR et le parti du Congrès National constituant les organisations nationalistes en Cyrénaïque et celles des nationalistes en Tripolitaine sont les auteurs des divergences plombant le processus électoral dans une incertitude continue.
En effet, le manque de confiance réciproque dans l’action gouvernementale se traduisant par la méfiance du parlement vis-à-vis du premier ministre et du gouvernement. Un gouvernement de transition est donc appelé de tous ses vœux par l’ONU, puisque la tenue de ces élections était une chance pour un retour à la paix dans ce pays. Les observateurs de la scène internationale pensent avec raison que, la transition libyenne doit être menée à son terme. C’est à mon sens l’une des conditions sine qua none à la tenue de ces élections mais aussi au retour à la paix.
En ce moment, le pays a deux premiers ministres. Le blocage n’est-il pas consommé ?
Effectivement, Abdul Hamin Dbeibah qui est intérimaire est soutenu par l’ONU et Fathi Bachagha sont actuellement les deux hommes forts dirigeant la Libye, entrainant ce pays riche en pétrole dans un imbroglio institutionnel qui, n’en est pas à son premier fait en la matière. Dans l’optique d’unifier les institutions et conduire le pays à des élections présidentielles et législatives initialement prévues en décembre 2021, M. Dbeibah est désigné par l’ONU, ressuscitant de ce fait l’espoir d’une pacification appuyée par un accord de cessez-le-feu, signé entre Khalifa et les autres avec pour corolaire, le lancement d’un processus de paix parrainé par l’ONU.
Eu égard donc à l’éch...
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