Mouvement d’humeur des enseignants : non à l’escalade…

Quand il s’agit de se faire entendre, les travailleurs, secteurs public et privé confondus, ont différents modes d’expression. Le plus usité et connu de tous est ce qui est communément appelé la grève. Mais là encore, plusieurs sortes de grève existent. Il faut le savoir.  Il y a les grèves pour réclamer : entre autres, plus d’argent, plus de temps, plus de pouvoir d’achat, plus de liberté. Il y a aussi les grèves pour s’opposer. Et là aussi, les motifs sont divers et variés.  Le gouvernement y fait souvent face lorsque les syndicats semblent percevoir qu’il s’attaque aux acquis sociaux. Puis viennent les grèves d’indignation, les grèves de solidarité -le corps médico-sanitaire les affectionne bien pour soutenir leurs collègues lorsqu’ils se font agresser. Ensuite, un peu au sommet, il y a les grèves soupape, qui sont faites pour ceux qui ont la rage. Ce sont des mouvements nécessaires pour exprimer un vrai ras-le-bol sans tout casser et faire monter la pression, avant d’entamer d’éventuelles négociations. Sauf qu’il faut être bien sûr, avant de lancer un préavis, que ce ras-le-bol existe.
Dans le cas des enseignants du Cameroun, c’est indéniable : le ras-le-bol existe bel et bien. A travers l’opération « Craie morte » menée depuis le 21 février dernier, les uns et les autres expriment leur colère et leur lassitude vis-à-vis de la gestion de leurs carrières et autres effets financiers induits. Ils expriment aussi leur exaspération face à ce qu’ils qualifient de « mépris ». Et sur ce plan, les clichés fleurissent. A commencer par celui attaché « au billet de 500 F ». Les enseignants, du moins ceux adeptes de la thèse du complot, en font une lecture prémonitoire. Selon eux, le billet de banque frappé de l’effigie de l’enseignant annonce une volonté d’appauvrir ce dernier. « Il y a les billets de 10 000 F, 5 000 F, 2 000 F, 1 000 F et 500 F. Et c’est seulement sur la plus insignifiante de ces coupures que figure l’enseignant. Cela montre à suffisance en quelle estime le gouvernement et la société nous tiennent », entend-on clamer les Seigneurs de la craie.
Pour tenter de calmer la fronde, le Premier ministre et l’équipe gouvernementale sont montés plusieurs fois au créneau, multipliant pourparlers, négociations et autres opérations de charmes. Sans vraiment faire fléchir les manifestants, il faut le dire. Du jamais vu depuis 2017, dernière fois où l’on a assisté à un mouvement d’une telle ampleur. Il aura fallu des prescriptions présidentielles précises pour voir émerger une direction à suivre pour une sortie de crise. Alors qu’un travail de fond est en train d’être effectué au niveau de différentes instances pour solutionner durablement les problèmes, partant du paiement dès les salaires de ce mois de mars 2022 de certaines sommes dues ; que les enseignants ont pu montrer leur colère suffisamment après des semaines de grève très dure, l’on constate de bien étranges comportements.
Il y a d’abord cette volonté d’escalade ou de nuire, de la part de certains esprits malveillants. En effet, l’on assiste à des appels à davantage de durcissement de la grève, « à partir du 28 mars jusqu’à obtention du statut particulier révisé de l’enseignant ». Et ce, malgré les « premiers pas » du gouvernement qui viennent rompre avec la supposée indifférence affichée par l’Etat depuis des années. C’est une porte ouverte au dialogue, une main tendue aux enseignants. Et même si ces derniers, soupçonneux, estiment ne pas pouvoir s’enivrer d’un seul raisin –parlant des promesses de l’Etat-, il vaut mieux qu’ils accordent le bénéfice du doute au gouvernement. La date butoir n’étant pas atteinte, pourquoi fourbir des armes pour des questions que tout le monde rêve de voir réglées à l’amiable ? Autre observation, le jeu du chat et de la souris, pour ne pas dire trouble, auquel se livre le principal initiateur de cette grève, OTS, qui refuse de se présenter officiellement à la table des négociations. Pour ce faire, l’organisation se targue d’être acéphale. Un choix qui, si l’on se fie à sa flopée de communications en circulation sur les réseaux sociaux, se justifierait par un besoin viscéral de protection contre la corruption, les menaces et autres éventuelles représailles gouvernementales. Sauf qu’une telle attitude ne fait pas sérieux. D’où la suspicion d’une instrumentalisation, d’un agenda caché. Le gouvernement ne saurait négocier avec une organisation fantôme. Pour des gens qui disent avoir trop subi et supporté, désirant voir leurs revendications obtenir des réponses appropriées et pérennes, de façon rapide, faire la politique de la chaise vide, avancer masqué ou mener la bataille de l’opinion publique sur les réseaux sociaux en cette période cruciale n’arrange les affaires de personne. Enseignants ou gouvernement. &nbs...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie