Le football sait être ingrat. Même avec ses enfants les plus chéris. Même avec ses plus grandes icônes, ses plus grands dieux. Il suffit que les résultats ne suivent pas. Que les attentes toujours plus fortes ne soient pas comblées. Alors la machine se retourne aussi vite qu’elle a élevé, sanctifié, déifié. Le cas le plus récent a défrayé la chronique il y a deux semaines hors des frontières camerounaises. En France, les superstars du Paris Saint-Germain, le club mythique de la capitale, ont essuyé les sifflets d’un public en colère, après un énième échec en Ligue européenne des champions. Lionel Messi, Neymar et les autres en ont eu pour leurs frais au lendemain de l’élimination que leur club n’attendait pas, après tant d’investissements et tant de tapage.
Ce rappel nous ramène forcément à ce que le public camerounais a vécu vendredi dernier au stade de Japoma et devant les milliers de téléviseurs à travers la République. Les Lions indomptables, dont la cote de popularité est considérablement remontée depuis la dernière Coupe d’Afrique des Nations organisée en début d’année en terre camerounaise, ont trébuché devant l’équipe d’Algérie. Battus (0-1) en match aller des barrages qualificatifs pour la Coupe du monde de football Qatar 2022. Comme avec le Paris Saint-Germain, ce n’est surtout pas le résultat que les supporters attendaient. Après tant d’émotions positives à la CAN. Le Cameroun n’a certes pas gagné « sa » CAN le mois dernier. Mais les Lions indomptables ont laissé dans l’esprit de leurs supporters, l’image conquérante d’une équipe qui ne se laisse pas abattre tant que le coup de sifflet final n’a pas retenti. La formidable remontée au score lors du match de classement pour la 3e place, réussie alors que le Cameroun était mené (0-3) à 20 minutes de la fin, a en effet fini de convaincre l’opinion, que cette génération-ci avait bien hérité du fameux « Lion’s fighting spirit ». Cet esprit de combativité sans pareil, cette rage de vaincre qui ont bâti la réputation de l’équipe nationale de football du Cameroun à travers le monde.
Mais il se trouve que les Lions ont perdu un match décisif vendredi dernier. A domicile. Et devant un adversaire a priori stressé par une CAN complètement ratée. Un adversaire mentalement fragilisé en principe, qui a pourtant évolué comme chez lui à Douala. Les Lions indomptables ont subi le rythme imposé par les Fennecs et n’ont à aucun moment su répondre au défi tactique de l’équipe algérienne. Une équipe résolument défensive, qui a eu le bonheur d’inscrire un but. Et durant 90 minutes, les Camerounais se sont cassé le nez sur le mur dressé par le sélectionneur Djamel Belmadi. Sans jamais prendre à défaut cette défense hermétique, sans jamais chercher à la déstabiliser, sans jamais imaginer de solution de contournement. Sans jamais changer de méthode. Ils ont irrémédiablement buté sur le même obstacle. Et le match s’est ainsi achevé sur une vraie fausse note. Avec au bout du compte, ce constat amer : le Cameroun a grandement compromis ses chances de qualification pour la prochaine Coupe du monde. Un deuxième Mondial consécutif sans les Lions indomptables du Cameroun, voilà le scenario que semble dessiner la contre-performance du 25 mars.
Après ce résultat négatif, les regards se sont évidemment tournés vers l’encadrement technique de l’équipe. Nommés il y a tout juste trois semaines, le manager sélectionneur, Rigobert Song Bahanag et son staff viennent de faire un faux pas dans l’une de leurs missions prioritaires. Ils le savaient, le temps n’était pas de leur côté. La marge de manœuvre était donc forcément mince dans la constitution de leur équipe. Et le résultat du match de vendredi dernier confirme que trois semaines n’ont pas suffi à mettre sur pied la formation à même de prendre une option de qualification sérieuse à domicile, avant d’aller au front à Blida pour le match retour.
L’ingratitude du football, on en parlait. Eh bien, la voilà qui resurgit aussitôt. Pour nous rappeler que la nomination de cet ancien capitaine des Lions indomptables n’a jamais fait l’unanimité ; qu’elle en a même surpris beaucoup, parmi les techniciens et les supporters, au regard des états de services de l’intéressé en tant qu’encadreur. Avec l’équipe nationale A’ et l’équipe Espoirs, Song Bahanag n’a enregistré que des résultats très moyens. Pas suffisant en tout cas pour qu’on lui donne les commandes de l’équipe fanion, les yeux fermés. L’ingratitude du football oublie que cet homme a ramené deux fois consécutives, le trophée de la Coupe d’Afrique des Nations à la maison avec le brassard de capitaine fixé &...
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