Prises d’otages : sus aux relais locaux !

Les habitants de plusieurs localités de l’arrondissement de Touboro ont battu le pavé le 27 octobre dernier devant la sous-préfecture éponyme pour exprimer leur ras-le-bol du fait de la recrudescence de l’insécurité dans leurs villages. Dans cette zone présentée comme le grenier agricole du septentrion, agriculteurs, éleveurs, travailleurs des secteurs public et privé et autres opérateurs économiques vivent depuis belle lurette dans la psychose créée par les enlèvements avec demande de rançon opérés par des hommes parfois lourdement armés. Ces derniers font des raids nocturnes dans plusieurs villages, munis d’armes à feu, de flèches et d’épées et mettent la main sur des personnes de tous âges. Même si la situation semble plus préoccupante dans le département du Mayo-Rey, la criminalité transfrontalière sous son aspect de prises d’otages sévit également avec une certaine acuité dans plusieurs autres localités des régions du Nord et de l’Adamaoua. La pression sécuritaire exercée par les forces spéciales dans le département de la Vina  qui a été, il y a quelques années, le théâtre de kidnappings et de vol de bétail, a transformé les autres unités administratives de ces deux régions en zones de repli pour ces opérateurs du banditisme rural. Dans plusieurs arrondissements du département de la Bénoué, notamment, Dembo, Baschéo, Demsa, Touroua, Bibemi, les habitants ont perdu le sommeil.  Il y a quelques jours, un gang de preneurs d’otages a été démantelé par les forces de défense et de sécurité dans le département du Mayo-Louti, région du Nord. Parmi ces ravisseurs, un chef traditionnel de troisième degré. Dans le département du Faro, la situation est quasi-similaire. En revanche, mis à part les rapts opérés par les terroristes de Boko Haram, le phénomène de prise d’otages est moins présent dans la région de l’Extrême-Nord.
A chaque passage, les preneurs d’otages laissent derrière eux peur, tristesse et désolation. Ils délestent les paisibles citoyens des revenus de leur dur labeur. Ils n’hésitent pas à ôter la vie à certaines de leurs cibles qui tentent de leur opposer une certaine résistance. Telles des marchandises, les otages sont amenés, dans des conditions effroyables, vers des destinations inconnues et il est demandé à leurs familles de fortes sommes d’argent en échange de leur libération. Selon des sources dignes de foi, en l’espace d’un an, plus de cent personnes ont été enlevées et plusieurs dizaines de millions versés aux ravisseurs dans l’arrondissement de Touboro. Dans cette contrée du Mayo-Rey, les populations venues de l’Extrême-Nord et installées ici depuis plusieurs décennies constituent les principales cibles des preneurs d’otages. Beaucoup de villages visités par ces malfrats se sont vidés et certains habitants ont abandonné champs et maisons pour se réfugier dans les zones plus sécurisées. Dans d’autres localités, les populations s’organisent en comités de vigilance et d’auto-défense pour faire face aux ravisseurs. 
Le phénomène de prise d’otage devenu prégnant et très lucratif, se présente comme le nouveau procédé de production de l’insécurité transfrontalière et qui a fait son apparition au début des années 2000 dans le bassin du Lac Tchad. Il consiste à kidnapper des personnes généralement issues des familles rurales en vue du paiement de rançons à défaut desquelles la vie des otages est menacée. Cette nouvelle forme de criminalité organisée s’inscrit dans l’histoire des dynamiques sociopolitiques et économiques de cette zone commune au Cameroun, à la République centrafricaine, au Niger, au Nigeria et au Tchad. Si le phénomène de « coupeurs de route » a été aujourd’hui réduit à sa plus simple expression grâce aux actions des forces spéciales (Bir et Gpign), la pratique d’enlèvements avec demande de rançon est le nouveau mode opératoire du banditisme rural bénéficiant de plusieurs facteurs. L’instabilité sociopolitique dans les pays voisins (Tchad et RCA) a déversé dans la zone des éléments armés en errance en quête de moyens de subsistance. Le Tchad puis la Centrafrique sont les principaux viviers d’hommes armés. Mais la désintégration de la Libye a également envoyé au chômage de nombreux éléments armés en quête de nouveaux marchés. L’introduction des armes de guerre dans ce qui n’était que banditisme et l’irruption des ex-combattan...

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