Interview : « Le Cameroun veut voir éclore une véritable industrie du livre »

Edmond Mballa Elanga, directeur du livre et de la lecture au ministère des Arts et de la Culture.

Le secteur du livre est en grande difficulté au Cameroun. Dans les librairies, on trouve de moins en moins des productions locales, en dehors de quelques rares livres parfois en partie travaillés hors du pays. Quelles actions sont menées concrètement pour appuyer le secteur de l’édition afin d’améliorer la qualité des productions ?
S’il est vrai que le secteur de la librairie, ou pour élargir, celui de la distribution du livre dans son ensemble connaît des soucis, celui de l’édition en revanche est particulièrement dynamique. J’en veux pour preuve, le nombre de dédicaces organisées régulièrement à travers le pays. En revanche, il est tout à fait exact que la production, c’est-à-dire l’imprimerie locale, est fortement délaissée au profit des imprimeries étrangères, par la plupart des éditeurs. Cette situation est malheureusement due aux coûts très élevés des intrants et autres machines à l’importation, qui renchérit le coût local de fabrication.

Des mesures concrètes pour régler ce problème sont contenues dans la loi n°2021/024 du 16 décembre 2021 portant organisation et promotion de la filière du livre au Cameroun que le président de la République a bien voulu promulguer en vue de dynamiser davantage cette filière. En son article 35, elle stipule clairement qu’« en application des accords internationaux dûment signés et ratifiés, l'État peut accorder des exemptions et/ou des abattements fiscalo¬-douaniers, ainsi que des exonérations, pour l'importation et/ou l'achat des intrants de production du livre ». Il s’agit donc aujourd’hui, pour les différents acteurs de la filière, de travailler à la mise en application de cette importante disposition, pour permettre au secteur de l’imprimerie d’être plus compétitif et de concourir de manière plus importante à la production locale du livre.

Le secteur de la distribution du livre est également touché, et les potentiels lecteurs peinent à trouver des ouvrages. Comment vous organisez-vous pour assurer la disponibilité des livres ?
Depuis la mise en place de la Commission nationale chargée du suivi et de l'évaluation de la mise en œuvre de la politique nationale du livre, du manuel scolaire et autres matériels didactiques le 23 novembre 2017, il faut dire que d’importants efforts ont été déployés, pour favoriser une circulation plus large du livre sur le territoire national. Mais en réalité, il revient principalement aux initiatives privées de créer des réseaux de distribution, dans la mesure où le livre est certes un bien culturel, mais il est aussi un bien économique. L’environnement législatif est particulièrement favorable en ce moment et il s’agit aujourd’hui d’assainir l’environnement professionnel afin de donner plus de confiance aux distributeurs et libraires, entre autres.

De l’observation que nous faisons, à la direction du Livre et de la Lecture, le livre est un bien économique au potentiel important, qui a fait intervenir de nombreux acteurs depuis quelques années dans la perspective d’améliorer les conditions de travail de l’ensemble de la chaine et de disposer d’une politique nationale du livre qui soit à même de mieux garantir un accès équitable au livre. J’évoquais plus haut la loi n°2021/024 du 16 décembre 2021 portant organisation et promotion de la filière du livre au Cameroun, elle permet aujourd’hui à chaque acteur (auteur, éditeur, libraire, diffuseur, distributeur) de jouer pleinement son rôle en toute sécurité ; par exemple sur la question du transport du livre qui pouvait justifier certains écarts de prix d’une localité à une autre, cette loi favorise que les coûts de transport des livres permettent l’application d’un prix unique sur l’étendue du territoire national. Il y a donc lieu là, de mettre en place des circuits de distributions qui vont permettre que le livre soit accessible partout.

Collaborez-vous avec les collectivités locales et autres opérateurs privés pour vulgariser les bibliothèques ou des centres de lecture ?
La question des bibliothèques publiques est un problème transversal à plusieurs administrations : le MINAC bien entendu, mais aussi les différents ministères en charge de l’éducation, du dé...

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