Réseaux sociaux : jeunesse en danger

Une campagne pour sensibiliser à l’utilisation responsable des réseaux sociaux. C’est l’option prise par le gouvernement, sur instructions du chef de l’Etat, depuis 2020. Face aux nombreuses dérives observées, il fallait bien prendre le taureau par les cornes, ne pas rester inactif devant les effets pervers de ce monde virtuel en perpétuelle mutation. Si toutes les couches sociales sont touchées par cette campagne, les élèves sont les principales cibles de la phase lancée le 29 mars dernier. Parce que, malheureusement, les jeunes sont aussi les plus exposés et les plus vulnérables aux réseaux sociaux. Et surtout, les plus accros. Les scandales vécus mettant en scène des mineurs ces dernières années dans notre pays, avec des conséquences souvent dramatiques, ne semblent pas vraiment avoir éveillé les consciences au sein de la jeunesse. Au contraire. Certains semblent vouloir aller toujours plus loin. Le renvoi de nombreux élèves au lycée de Kribi, impliqués dans une vidéo à caractère obscènes diffusée sur Internet il y a moins de deux ans, n’a pas empêché que d’autres affaires du même genre éclatent dans divers établissements à travers le pays. Récemment, les internautes ont été choqués de voir deux jeunes filles en tenue de classe, proposer leurs « services » à qui le voudrait sur les réseaux sociaux. Les exemples sont légion. Les parents, eux, paraissent complètement débordés par ce monde moderne qu’ils ne comprennent ni ne contrôlent. Ils se disent mal à l’aise et inexpérimentés face à cette menace que personne n’avait vu venir. Menace à relativiser car, au-delà de tout, ce n’est pas Internet ou les réseaux sociaux qui sont mis en cause. Mais bien leur mauvaise utilisation. Ou plutôt, le manque de discernement dans leur utilisation. Mettons-nous d’accord au préalable. D’ailleurs, le président Paul Biya a souvent incité les jeunes à saisir les facilités qu’offre le Net car bien utilisés, ces outils peuvent se révéler une source d’opportunités à saisir. Seulement, une partie de la jeunesse semble ne pas voir l’usage bénéfique qu’elle peut en tirer.
Si les chiffres au plan local ne sont pas vraiment disponibles, les jeunes camerounais semblent presque éprouver les mêmes besoins face à l’univers cybernétique que partout dans le monde. Pour comprendre ce qui les y pousse, Catherine Blaya, auteur du livre : « Les ados dans le cyberespace : prise de risque et cyberviolence », distingue les fonctions de communication pour le jeune avec une communauté qui partage les mêmes centres d’intérêt ; d’incorporation au code de la culture « djeuns » ; d’évaluation sociale et d’affirmation de son identité juvénile. Des applications comme Snapchat, TikTok, Instagram, Periscope et autres Facebook dictent leur loi. Avec tous les risques imaginables et même inimaginables auxquels ils sont confrontés. Cédric Fluckig, auteur de « Blogs et réseaux sociaux, outils de la construction identitaire adolescente ? », a recensé un certain nombre de dangers : l’endoctrinement, le hacking dont le but est de se faire passer pour quelqu’un afin de lui nuire, le cyber flashing qui consiste à l’exposition de jeunes à des violences sans le vouloir, les dérives sexuelles, le cyber harcèlement, une vision de la norme décalée ou de la dépendance. 
S’il est vrai que les études tendent à montrer qu’il n’existe pas de phénomène d’addiction, les experts reconnaissent que le fait d’être tout le temps en contact avec des personnes d’un même cercle crée un sentiment de manque dès qu’il y a déconnexion. Des applications comme Snapchat, obligeant les personnes à s’envoyer des photos tous les jours pour conserver la flamme, rendent les jeunes incapables de se couper plus de 24 heures de l’accès à un réseau social, précise Cédric Fluking. Il est clair que les réseaux sociaux sont chronophages et donc la tentation d’y consacrer plus de temps que ses études ou des loisirs comme la lecture est extrêmement élevée.
Si les parents pouvaient garder un semblant de contrôle en laissant par exemple un accès limité à un ordinateur, l’irruption de la pandémie à Coronavirus et donc l’introduction de nouveaux modes de fonctionnement avec l’école à distance est venue bouleverser la donne. Il a bien fallu fournir des smartphones à nos enfants pour pouvoir rester à niveau. Et bienvenue à la liberté tous azimuts ! Les codes parentaux comme les logiciels espions pour être au parfum de ce que leurs enfants...

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