Exploitation illicite du bois des mangroves : la cote d’alerte

Arrondissement de Douala III, avril 2022. Des pirogues lourdement chargées de billons de bois de mangrove accostent près du pont sur la rivière Dinde. Sur les berges, des tas dudit bois sont entreposés. Des hommes s’activent à charger un pick-up qui visiblement assure la livraison pour des clients. Tout cela se passe au petit matin, dans l’un des principaux points de débarquement de ce bois illégalement exploité pour satisfaire la demande. Ce bois est principalement utilisé par les vendeurs de viande braisée et les fumeuses de poissons. A l’intérieur des criques, à travers les bras du Wouri, le spectacle est saisissant. Des dizaines d’hectares dévastés, transformant ces forêts de mangrove en clairière. Si l’activité d’abattage se déroule en journée, le débardage et le transport quant à eux se font essentiellement dans la nuit. Question d’échapper aux éventuelles patrouilles des agents du ministère des Forêts et de la Faune (Minfof). Dans la région du Littoral, les zones de Youpwe et ses environs ; Bonabéri ; Manoka et Cap-Cameroun sont particulièrement touchées par cette activité illégale. 
A en croire le délégué régional du Minfof, Georges Amougou Ondoua, la coupe illégale du bois de mangrove a de multiples conséquences environnementales. En effet, la destruction de cette mangrove met en péril toute la biodiversité de ces zones écologiquement fragiles. La destruction de l’habitat de la faune aquatique entraine la raréfaction de certaines espèces de poissons et autres produits halieutiques. Sans compter les risques liés à la montée des eaux qui ne trouvent plus de barrière naturelle et par conséquent menacent les riverains. L’une des conséquences qui s’ensuit et qui est de plus en plus perceptible est le dérèglement climatique du fait de la destruction du puit...