« L’approche inclusive est à encourager »

Dr Max Zachée Mbida Onambele, géostratège, chargé de cours à l’Institut des Relations internationale du Cameroun.

Le Cameroun est engagé avec ses voisins dans plusieurs initiatives et projets pour mieux sécuriser ses frontières. En quoi de telles opérations sont-elles importantes pour le pays et le reste de l’Afrique centrale ?
Les activités pour la matérialisation des frontières entre le Cameroun et ses voisins, ainsi que les coopérations permanentes entre les Etats pour la stabilisation des frontières sont des opérations capitales pour les États et la sous-région Afrique centrale. D'abord parce que la frontière est l'âme matérielle des États et qu'elle est la projection primordiale d'un pays sur la scène internationale. Car, il n'existe pas d'Etat sans frontières. Même dans le monde nouveau du cyberespace, la frontière, même virtuelle, est ce sans quoi l'accord westphalien qui établit les souverainetés politiques et permet de les reconnaître et de les respecter n'est pas possible. Ensuite, sur le plan régional, la frontière qui conserve à l'Etat sa spécificité matérielle et symbolique est la garantie de la communication des intentions politiques et des processus sociopolitiques qui sous-tendent tout effort d'intégration, qui est la consécration de la dialectique entre le souverain et l'appel de la communauté. L'importance des initiatives pour la sécurisation des frontières n'est plus, de ce double point de vue, à démontrer, d'autant plus que ces processus attestent de la vitalité autant du Cameroun comme État-nation, que des efforts des mécanismes sous-régionaux pour construire un bloc sous-régional stable et viable.
L'une des raisons de l'insécurité parfois observée est la porosité des frontières. Que faire pour avoir des frontières mieux couvertes par les autorités des différents pays ?
Les États ne peuvent pas abandonner les frontières aux entreprises criminelles parce qu'elles seraient dans leur nature poreuses. Dans la perspective de la sécurisation des frontières, la prospective pourrait imaginer une approche inclusive et partagée de la responsabilité de sécurisation à trois voies : la première est assise sur la promotion de l'initiative locale. En effet, les individus et les communautés sont les premiers propriétaires de la frontière et devraient en être les postes avancés de leur sécurisation. Cette tâche pourrait induire la mise en place de brigades locales de sécurisation des frontières dans les collectivités décentralisées qui côtoient les frontières. Deuxièmement, la responsabilité de la sécurisation et de la stabilisation des frontières incombe aux Etats. Et l'Etat du Cameroun assume pertinemment cette mission sous la houlette éclairée du président Paul Biya, dont l'intuition politique et stratégique a permis au Cameroun d'administrer au monde l'une de ses plus brillantes leçons de diplomatie, avec la manœuvre douce et ferme avec laquelle notre pays a mené l'affaire du conflit frontalier autour de la péninsule de Bakassi. Enfin, au niveau communautaire, les politiques doivent être orientées vers la promotion et la sauvegarde de la viabilité des frontières nationales, qui sont la garantie d’un processus d'intégration résolu et serein. 
Dans certaines frontières, il se pose encore un problème de marquage. Chaque pays pouvant avoir des revendications quant au tracé final, ce flou peut-il représenter un frein à la dynamique observée ? 
Les frontières sont des produits de l’histoire. C'est ici qu'intervient l'excellence de la démarche diplomatique dont le Cameroun a ...

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