Inflation : il faut arrêter la spirale

Le feuilleton de la poussée inflationniste vient de livrer un de ses nouveaux épisodes connus avec la hausse, effective depuis le 1er juin dernier, du tarif de la visite technique automobile concernant notamment les propriétaires des véhicules de tourisme qui paieront désormais 17 900 F au lieu de 9 500 F. Le nouveau tarif est pratiquement passé du simple au double, car il faut débourser 8 400 F de plus. 
 Quoi qu’il en soit, le tableau de la hausse des prix des biens et des services qui tend à se généraliser au Cameroun comme dans de nombreux autres pays à travers le monde, est de nature à donner des insomnies aux agents économiques (ménages, usagers, entreprises). La meilleure photographie de la situation au Cameroun est présentée par l’Institut national de la Statistique (INS). Il ressort en effet des données publiées il y a trois mois, mais non encore actualisées, qu’au premier trimestre 2022, les prix à la consommation finale des ménages ont augmenté de 4,4% en glissement annuel. En moyenne sur les douze derniers mois, ces prix ont poursuivi leur ascension en mars 2022, progressant de 2,9%. Alors que la hausse n’était que de 2,3% en mars 2021, de 2,5% en janvier 2022 et de 2,7% en février 2022, écrit l’INS. A en croire cette source, le principal déterminant de la poussée inflationniste est l’accélération des prix des produits alimentaires de 6,0%, après 3,4% un an plus tôt, en raison surtout de l’envolée de 6,8% des prix des pains et céréales, de 6,4% de ceux des viandes, ainsi que de 10,2% des prix des huiles et graisses. L’augmentation de 3,1% des prix des produits importés, tout comme ceux des produits locaux de 2,9% s’explique, selon l’INS, à la fois par les effets néfastes du Covid-19 qui sévit depuis 2020 (perturbations des chaînes d’approvisionnement et de la logistique), et plus récemment par le conflit opposant la Russie à l’Ukraine. Ces deux crises ont davantage contribué au renchérissement, sur le marché international, des prix des produits importés, des coûts des matières premières, des intrants agricoles, de l’énergie, des matériaux de construction et du fret maritime.                                                                                                           
La situation est si préoccupante, d’après l’Institut, que le seuil fixé par la CEMAC de 3% a été atteint ou franchi dans six capitales régionales : 4,5% à Ebolowa, 4,4% à Bamenda, 4,3% à Maroua, 3,9% à Bertoua, 3,6% à Bafoussam, et 3,0% à Garoua. En dépit des interventions récentes de la BEAC sur son taux directeur pour ralentir la surchauffe de l'économie, le Cameroun, note encore l’INS, reste très affecté par les hausses de prix mondiaux et pourrait encore demeurer dans cette situation socioéconomique difficile, si perdure le conflit entre la Russie et l’Ukraine et s’il y a des sanctions supplémentaires à l’encontre de la Russie. En outre, les dysfonctionnements provoqués par la pandémie et exacerbés par le conflit russo-ukrainien pourraient davantage accélérer l’inflation des produits importés et locaux. 
Par conséquent, l’horizon est loin d’être dégagé, dans la mesure où le potentiel d’inflation reste élevé. « Si le rythme actuel de progression des prix est maintenu, le taux d’inflation pourrait franchir la barre de 3% en 2022 », préviennent les statisticiens économistes. Une situation qui pourrait avoir des conséquences à plusieurs niveaux. Si, en économie, l’inflation sous toutes ses coutures n’est pas toujours une mauvaise chose, ses méfaits, par contre, sont à combattre. Concrètement, lorsque les prix augmentent globalement, et non uniquement les prix de quelques biens et services, cela érode progressivement la valeur de la monnaie. Ensuite, si les salaires ne bougent pas, alors, la hausse des prix rend les populations naturellement plus pauvres. Et du coup, on consomme moins puisque l'inflation rogne le pouvoir d'achat des ménages quand leurs salaires ne sont pas indexés sur la hausse des prix pratiqués dans les marchés. L’effet domino ne s’arrête pas là. Pour faire simple et court, quand l’inflation n’est pas maîtrisée, les gens n’ont plus les moyens de consommer comme avant. Les entreprises, même si elles ont le « pricing power », c’est-à-dire le pouvoir de répercuter la hausse des prix des inputs qu'elles subissent à leurs clients, voient cependant leur chiffre d’affaires diminuer et les bénéfices chuter corrélativement. Au final, c’est la croissance qui en pâtit parce que l’un de ses moteurs qui est la consommation tourne au ralenti.                                                                                                                                                    
Pour toutes ces raisons, la conjoncture actuelle est à surveiller comme de l’huile sur le feu. La Banque mondiale, dans ses « Perspectives économiques mondiales, Afrique subsaharienne, juin 2022 », est déjà montée au créneau. Elle affirme que « la progression de l'inflation dans de nombreux pays tendra &a...

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