« C’est un conflit qui date »

Il y a quelques semaines la tension est remontée entre le Rwanda et le DR Congo, quel est vraiment le problème ? 
Le vendredi 27 mai, 2022, des déplacés se sont rassemblés au nord de Goma. Ils fuyaient les combats entre les forces congolaises et les rebelles du M23. Ces affrontements ont ravivé les tensions entre la RDC et le Rwanda, accusé de soutenir les rebelles. Ainsi Kinshasa va convoquer l'ambassadeur du Rwanda pour lui notifier la désapprobation totale du gouvernement congolais. Seulement Kigali va nier toute implication dans cette affaire en disant qu'il s'agit d'un conflit intra-congolais. Chassés du pays en 2013, les rebelles du M23 font de nouveau parler d'eux. Dès fin mars, ils sont sortis de leur cachette pour attaquer les positions de l'armée notamment à Runyoni et Tchanzu, région où 8 soldats de l'ONU sont morts dans le crash de leur hélicoptère encore non élucidé. Ce groupe rebelle est essentiellement composé d’anciens soldats de l'armée congolaise qui se sont rebellés car, ils accusent le gouvernement de marginaliser leur minorité ethnique Tutsi. Plus précisément, la plupart viennent de communautés rwandophones-congolaises du nord et ils voudraient reprendre les terres qu'ils estiment leur appartenir, tout en espérant une meilleure représentativité à l'intérieur du Nord-Kivu. Cependant, la RDC accuse le Rwanda d'avoir soutenu le M23 dans la bataille contre l'armée congolaise car dans un communiqué, l'armée congolaise accuse Kigali d'avoir déployé 500 soldats en appui au M23. De plus, la RDC aurait capturé au front aux côtés des rebelles du M23, deux soldats de l'armée rwandaise. Cette version est niée par Kigali, qui évoque plutôt un kidnapping de ses officiers. Ils seront tout de même libérés après la méditation du président angolais, a promis Kinshasa.
Pourquoi la communauté internationale n'est-elle pas en mesure de rétablir la paix dans la région ?
Le président Tshisekedi a affirmé le 5 juin 2022 n'avoir aucun doute sur le soutien du Rwanda à la rébellion du M23 venue agresser son pays. Il a cependant répété son souhait d'entretenir des relations apaisées avec son voisin. A ce sujet, le président congolais Sassou Nguesso s'est entretenu avec son homologue Tshisekedi et par la suite le président Macky Sall a parlé individuellement avec les deux présidents rwandais et congolais. Ils sont tous les deux d'accord pour se rencontrer, reste à définir sur quelle base ils vont se parler, quels seront les thèmes abordés et quelles sont les positions des uns et des autres. Il faut remarquer que c'est un conflit qui date, et qui connaît des hauts et des bas. Des actions ont toujours été menées pour trouver une solution définitive, malheureusement il y a toujours cette résurgence. Nous pensons que le gouvernement congolais gagnerait à accéder aux revendications du M23 notamment sur sa représentativité au Nord Kivu et surtout la reprise des terres, afin que cette guerre ne surgisse plus jamais. De plus, les deux chefs d'État s'étaient engagés à ne plus utiliser les armes pour régler le conflit frontalier les opposant. Jusqu’ici ils respectent cet engagement, car à en croire sur les faits, le M23 est un groupe rebelle congolais et donc il ne s’agit ni plus ni moins que d'un conflit intra-congolais. Certes avec l'appui du Rwanda, car ce groupe est composé en majorité de Tutsis, une ethnie phare du Rwanda.
L'UA a nommé un médiateur, le président angolais. Jusqu’où pensez-vous qu'il puisse aller dans la résolution de la crise ?
L'Union africaine a nommé un médiateur, le président angolais qui a aussitôt accueilli à Luanda le Président Tshisekedi afin de discuter de la tension croissante entre la RDC et son voisin le Rwanda. Il s’est par la suite entretenu par télépho...