La 12e journée africaine des frontières, observée il y a une dizaine de jours, a permis de mesurer une fois de plus, les effets du retard pris par la sous-région Afrique centrale en matière de libre circulation des personnes et des biens. Le 23 juin dernier, des officiels camerounais, gabonais et équato-guinéens s’étaient donné rendez-vous à la zone carrefour dite « des trois frontières ». Choix évidemment pertinent pour ces trois pays qui y partagent les limites de leurs territoires respectifs. La cérémonie organisée à l’occasion, a fait la part belle aux populations riveraines, qui à travers notamment leurs chefs traditionnels, ont pu exprimer une espèce de ras-le-bol au sujet des balbutiements continus de l’intégration en zone CEMAC. Ils ont donc parlé, en des mots simples, pour dire le fond de leurs pensées. Et ces complaintes qu’on a entendues ce jour-là, avaient la même tonalité, qu’elles soient venues d’un chef traditionnel équato-guinéen, d’un riverain camerounais ou gabonais.
En gros, les peuples d’Afrique centrale se disent exaspérés par ces fermetures des frontières à répétition. Tout en saluant avec force, l’ambiance fraternelle qui règne aux frontières, les habitants de part et d’autre ont bien tenu à faire comprendre aux autorités politiques qu’elles étaient les premières victimes des problèmes de libre circulation des personnes et des biens entre leurs pays. Et que de ce fait, elles étaient bien placées pour donner leur avis. D’autant plus que, du fait de ces frontières imposées par les puissances coloniales, des familles se sont retrouvées séparées, mais doivent continuer de vivre ensemble, célébrer leurs réjouissances, enterrer leurs morts. Et il n’y a rien de plus embarrassant, de plus révoltant qu’une frontière fermée pour celui qui souhaite simplement se rendre à une cérémonie familiale.
Les organisateurs de cette cérémonie, autorités politiques des deux pays, ont eu le nez creux, en optant pour cette tribune ouverte aux populations riveraines des frontières. En tout cas, elles ont pu prendre ainsi la température au sein des communautés, de manière à faire remonter l’expression de ce sentiment d’injustice et de « tromperie sur la marchandise » aux oreilles des différents chefs d’Etat de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale. La CEMAC, puisqu’il faut la nommer, est peut-être, sur le continent africain, le plus mauvais élève, dès qu’on parle d’intégration. Et ce cri lancé il y a dix jours par les populations de la zone des trois frontières est révélateur des errements persistants en la matière : une volonté politique exprimée sur le bout des lèvres, des accords paraphés, souvent au forceps, et au final, des engagements qui ne quittent jamais le papier. Des « nuances » introduites aussitôt que chacun a regagné son pays. Et voilà comment depuis des années, l’Afrique centrale marque le pas sur place, sourde aux sirènes de la coprospérité, aveugle face aux avancées remarquables des communautés voisines autour d’elle.
Aussi incroyable que cela puisse paraître, il faut encore aujourd’hui, un visa à un ressortissant d’un des pays de la CEMAC, pour se mouvoir au sein de l’espace communautaire. Et encore, la délivrance de ce sésame s’accompagne dans certains cas, des tracasseries les plus désobligeantes. Pire, la détention d’un visa, est parfois loin de signifier la fin du stress. Sur ce plan, le tableau noir de l’intégration en Afrique centrale est riche en clichés, dont nous préférons épargner l’énumération à nos lecteurs. Pour ne retenir que l’essentiel : il y a encore du chemin à faire. C’est en effet le moins que l’on puisse dire devant une situation dans laquelle les lignes de ne semblent pas près d’évoluer dans le bon sens. Et ce qui s’est passé le 23 juin dernier à Abang Minko est porteur d’enseignement pour les leaders politiques de la sous-région Afrique centrale. Les complaintes des populations riveraines des frontières rappellent à tous qu’une intégration réussie est d’abord une intégration des peuples. C’est-à-dire des populations qui ont conscience d’avoir des choses en commun et qui de ce fait vont et viennent librement d’un pays à l’autre. Pour les loisirs, pour le travail, pour les affaires. Ou tout simplement parc...
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