« Il y a de bonnes mesures sur le climat des affaires »

Dr Louis Marie Kakdeu, économiste, enseignant à l’Université de Maroua.

Pour atténuer les effets de l’inflation sur les ménages, l’Etat a pris un certain nombre de mesures notamment l’abattement de certaines taxes. Quelle est l’ampleur de ces dépenses aujourd’hui ?
Sur l’import-substitution qui était destinée à impacter directement les ménages, il y a eu depuis la loi des finances 2021, extension de la liste des exonérations fiscales sur certains produits alimentaires, les intrants et les équipements agricoles non visés. Aussi, on relève l’application des droits d’assises sur certains produits importés à hauteur de 25%. Sinon, la lutte contre l’inflation est normalement le résultat de l’assainissement de l’ensemble du climat des affaires. Des efforts sont faits chaque année, mais il y a aussi des dégradations qui viennent annuler ces efforts. Par exemple dès 2021, on a vu un petit soulagement pour les PME qui réalisent un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 3 milliards de F avec une réduction de 2 points du taux de leur impôt sur le bénéfice. C’est bien. Mais, on a aussi vu qu’en 2022, l’Etat a décidé de taxer les transferts d’argent ou les activités économiques des organismes à but non lucratif, ce qui est de nature à augmenter les coûts de production et donc, les prix de vente. C’est pour cela que les ménages ne ressentent pas les effets de mesures économiques prises par le gouvernement. Il n’y a pas de constance. Par exemple, il y a eu un abattement de 20% sur les droits d’assises des entreprises brassicoles en 2018 pour les inciter à acheter localement les matières premières, notamment le sorgho. Cela a boosté la commande locale et l’impact sur les ménages était visible avec les promesses d’augmentation de revenu. Sauf que dans la loi des finances suivantes, la mesure a été annulée, ce qui a même été considéré comme un piège tendu par le gouvernement au marché. Sans la stabilité de la loi des finances, les mesures prises par le gouvernement n’auront aucun impact sur les ménages. Sinon, il y a de bonnes mesures sur le climat des affaires comme l’exonération pendant cinq ans au maximum de tous les impôts, droits et taxes à l’exception des cotisations sociales sur les entreprises en phase d’incubation. 
Comment le gouvernement peut-il amortir les ressources dépensées du fait de ces mesures ? 
Normalement, c’est la création de la richesse qui permet la compensation. Ce que l’Etat perd en recettes fiscales, il économise dans le financement des investissements et actions publiques. Par exemple, les mesures d’incitations fiscales ou administratives favorisent la création des emplois. C’est la préoccupation permanente d’un Etat normal. Si je prends le cas du rabattement de 20% des droits d’assises des sociétés brassicoles en 2018, cela avait permis directement la commande de 17 000 tonnes de sorgho à Cropsec, une union des coopératives dans les régions du Nord et de l’Extrême-nord. Concrètement, cela suppose l’augmentation l’opération économique sur le terrain notamment dans les investissements pour la production, la création des emplois, etc. Malheureusement, il n’y a pas de suivi ou de stabilité dans la prise de ce genre de mesure.

Quels effets ces dépenses pourront-elles avoir sur les objectifs d’investissement prévus, vu qu’on a probablement différé la réalisation de certains projets ?
Ce sont les projets officiels qui ont été différés et non les investissements relevant des incitations fiscales ou administratives. L’avantage avec les mesures incitatives est que ce sont les particuliers qui investissent et qui ne le font pas dans le cadre de l’agenda public. Même en période de Covid-19, les investissements privés ne sont pas arrêtés. C’est pour cela que nous pensons qu’il faut reposer notre croissance économique sur les PME/PMI d’...

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