Circuits informels : une résistance bien organisée

Des opérateurs usent de malice pour contourner les circuits formels et exporter or et diamant, à travers les ports, aéroports et frontières terrestres.

Assez régulièrement, la presse locale relaie des saisies de métaux précieux effectuées par les services de la douane camerounaise dans les aéroports ou lors du franchissement des frontières terrestres. Et encore, il ne s’agit là que de la partie visible de l’iceberg que constituent ces exportations illégales. En effet, selon le secrétariat national permanent du Processus de Kimberley, les volumes de diamants enregistrés dans les circuits formels depuis 2013 sont en moyenne de 2 200 carats alors que les productions annuelles moyennes d’or sont estimées à 3 tonnes. La consommation locale de ces substances est évaluée à environ 5 % de la production, les 95% restants sont par conséquent destinés à l’exportation. Cependant, les volumes d’exportations légales des diamants représentent environ 65% de la production nationale contre à peine 15% pour l’or. Le circuit légal est pourtant connu de tous les opérateurs : du chantier de production à l’exportation en passant par les collecteurs agréés, les négociants, les bureaux d’achat et de commercialisation. « Toute exportation doit faire l’objet de l’analyse du produit au laboratoire central du Minmidt. Après cette analyse, un agrément d’exportation au préalable doit être délivré par le ministre des mines », déclare Jacques Afti, délégué régional des Mines, de l'Industrie et du Développement technologique de l'Est.  Par ailleurs, selon l’article 161 du Code minier, un certificat d’authenticité, délivré par l’administration en charge des mines, est requis pour toute sortie du territoire national des pierres et des métaux précieux, ainsi que des pierres semi-précieuses.
Cependant, le circuit formel est loin d’être emprunté. L’’Alliance pour une Mine Responsable (ARM), dans une étude sur les filières de commercialisation de l’or et du diamant au Cameroun ( 2021), décrit ainsi une filière informelle de l’or artisanal. « Les négociants régionaux sont des Camerounais qui opèrent au niveau de la sous-région, Cemac et le Nigéria. Ils achètent toujours l’or en « doré » et le transportent par véhicule à Douala, Brazzaville ou Lagos, en fonction du contexte, puis à Dubaï par avion. Ils détiennent le plus souvent un agrément d’exportation (bureau d’achat) et s’accordent pour exporter un volume symbolique dans la fili&...

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