Sages-femmes : un besoin de reconnaissance

Cette profession au Cameroun rencontre de nombreux obstacles, de la formation au recrutement des personnels touchés à 75% par le chômage selon les chiffres des associations.

Elles sont ces mains par qui des millions de vies transitent chaque jour de l’état de fœtus à celui de nouvel habitant de la planète, dans les salles d’accouchement. Elles, ce sont les sages-femmes. Aussi importante cette profession soit-elle, elle n’est pourtant officiellement reconnue que depuis quelques années au Cameroun. En effet, la première promotion adoubée par le ministère de la Santé publique est sortie de formation en 2014, car avant, toutes les sages-femmes et les maïeuticiens (nom donné aux hommes exerçant cette profession médicale) étaient confondus dans leur apprentissage avec les infirmiers. D’ailleurs, Laurence Nnanga Onomo, sage-femme issue de cette toute première cuvée moulée à l’Ecole privée des infirmières de Garoua (EPIC) (l’un des huit établissements : quatre privés et quatre autres publics autorisés à l’époque par l’Etat), a ce statut marqué sur son attestation de fin de formation : « Infirmier diplômé d’Etat, Option sage-femme ». Cette situation n’arrange pas ces dames. Elles ont l’impression de ne pas exercer un métier reconnu à sa juste valeur. « Il n’y a pas une école spécifique pour les sages-femmes. Notre première promotion a suivi ce que j’aime appeler une formation cobaye, sans système LMD. Nous avons été formées pendant trois ans, avec six mois supplémentaires auprès de l’UNFPA, mais notre diplôme n’était pas admis comme l’équivalent d’une licence », se souvient Laurence Nnanga Onomo. 
Alors pour se donner d’autres perspectives, la jeune dame se décide à se lancer dans une licence en gestion hospitalière à l’Université catholique d’Afrique centrale à Yaoundé, puis obtient un Master en santé publique. Malgré toutes ces autres étapes académiques, Laurence est revenue à ses premiers amours. Actuellement en service à la Maternité de l’Hôpital de district de Kribi dans la région du Sud, elle regarde son parcours avec plusieurs points d’interrogation. « Nous avons attendu les affectations pendant une année à la maison, puis dans un contrat avec une ONG, j’ai travaillé à Minawao dans l’Extrême-Nord, puis en 2015, les sages-femmes de la première vague ont été recrutées comme contractuels d’administration, mais nous avons passé quatre années sans salaire », regrette-t-elle. Il a fallu batailler pendant plusieurs mois pour percevoir ces salaires. 
Les sages-femmes ne se ressemblent pas, mais qu’elles soient de la première cuvée comme des suivantes, leurs problèmes restent les mêmes. Michèle Ingrid Engamba est en service à l’Hôpital de district de Mfou, et fait partie de la deuxième promotion sortie des écoles de formation en 2015. Trois ans après sa formation à l’Ecole des infirmiers et aides-soignantes de l’Hôpital Laquintinie à Douala, elle est recrutée comme contractuelle d’administration à l’issue d’un concours lancé ...

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