Interview : « c’est le regard d’un artiste de l’intérieur »

Jacobin Yarro, dramaturge, metteur en scène, comédien de théâtre.

Vous vous positionnez en observateur avisé du théâtre camerounais dans cet ouvrage que vous venez de publier. Que retenir de ce demi-siècle autour des planches ?
Le livre « 50 ans de pratique théâtrale au Cameroun : 1960-2010 » n’est pas mon livre à moi, mais c’est le regard d’un praticien du théâtre, quelqu’un qui a vécu de l’intérieur la pratique du théâtre sur la scène pendant un certain moment. J’ai situé la période de l’ouvrage entre 1960 et 2010, période que je maîtrise le plus. Tel que je le présente dans le livre, le théâtre camerounais a connu des moments très forts dans son écriture, sa thématique et sa pratique sur scène. Il a atteint des sommets, puis il a sombré par la faute des hommes de théâtre et par celle de la conjoncture.

Tout ceci est ramassé dans le livre avec une analyse véritable, chirurgicale, car c’est de moi que je parle à travers mon vécu. Je peux dire que le théâtre a beaucoup plié, mais il n’a pas rompu. J’ai traversé ces âges du théâtre camerounais, car je l’ai pratiqué, je le pratique et je continue de le pratiquer. Je ne veux pas dire que j’ai la science infuse en matière de théâtre, mais je pose le regard d’un artiste de l’intérieur.

Comment le théâtre camerounais embrasse-t-il les différentes époques qu’il traverse ?
Quand on prend cette trajectoire du théâtre camerounais et qu’on regarde la thématique au lendemain des Indépendances, on constate que les Camerounais ont besoin de vivre à travers le théâtre. Ils ont besoin qu’on leur montre leur quotidien. Ce qui a fidélisé les gens au théâtre, c’est le fait qu’ils se reconnaissaient à travers ce qui leur était présenté sur les planches. Il y a eu des périodes où la censure était très rigoureuse : il ne fallait pas oser parler de politique au théâtre.

Des comédiens ont été mis en garde-à-vue pour avoir présenté telle ou telle thématique. Il y a eu cette mouvance, puis ensuite il y a eu une certaine rupture, comme si les hommes du théâtre avaient abandonné le public, à cause de certaines exigences conjoncturelles. Ils ont commencé à présenter le théâtre sous une forme bien précise avec les exigences des bailleurs de fonds.

Quelles conséquences sur le public et la fréquentation des spectacles de théâtre ?
Le public s’est de moins en moin...

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