« C’est à nous de construire notre histoire »

Quel message retenir après l’inauguration de la rue Rudolf Duala Manga Bell à Ulm ?
D'abord, cette inauguration est le résultat d'un travail considérable sur plus de 30 ans, notamment avec M. Jean-Pierre Félix Eyoum (point focal du roi Bell en Allemagne, Ndlr). Ça a commencé bien avant que j'arrive à la tête du canton. Ulm est une ouverture de l'ancienne puissance coloniale face à l'histoire funeste de Rudolf Manga Bell et de tous ceux qui, la même année, le même jour, à la même heure, dans une action bien orchestrée, qu'il s'agisse de Madola ou de Martin Paul Samba, ont perdu la vie. Le message est de deux ordres. Premièrement, la direction que prennent les anciens colons. Deuxièmement, l'interpellation adressée face notre propre histoire. Ce n'est pas aux autres de nous offrir notre propre histoire. C'est à nous de la construire et de la conduire. C'est de notre responsabilité.

Votre regard sur la mobilisation des différentes délégations pour cet évènement ?
Déjà, Rudolf Duala Manga Bell n'appartient plus à son canton, à son ethnie, à sa région. Il appartient au panthéon national. La preuve avec la mobilisation des différentes délégations, qui était un énorme clin d'œil à l'unité nationale. A l'origine de ce mouvement, il y a le président du Conseil national des chefs traditionnels du Cameroun et une escouade de monarques du Cameroun qui devaient participer à cette célébration, mais certains d'entre eux ont été empêchés en dernière instance. A la vérité, la diaspora dans toute sa diversité venue de France, d'Allemagne et parfois de plus loin, a répondu à l'appel du clairon présent. Sans compter les personnes et les personnalités venues du Cameroun avec le leitmotiv : il faut être présent ! J'ai été profondément marqué et ému par l'adhésion et au-delà de cela, par la façon ordonnée de notre mouvement respectable en Allemagne. Tout...