Inondations dans l’Extrême-Nord : ce n’est pas une fatalité

La chronique sur les inondations dans la région de l’Extrême-Nord tend à devenir aujourd’hui un fait banal. Pourtant, la réalité sur le terrain est toute autre. Les localités de Maroua, Yagoua, Kousséri, Guidiguis, Guirvidig, Pouss, Maga et autres, offrent depuis quelques semaines le visage des villes trempées. Dernière illustration en date, Kousséri. Le chef-lieu du département du Logone-et-Chari a présenté la semaine dernière, l’image d’une ville noyée par les eaux, des populations se déplaçant avec des baluchons sur la tête, fuyant l’avancée des eaux. Beaucoup de personnes le diront, le Cameroun, comme de nombreux autres pays à travers le monde, n’échappe plus aux phénomènes des changements climatiques. Ce qui est vrai. Mais ces phénomènes naturels observés depuis quelques années peuvent-ils à eux seuls expliquer la situation délicate dans laquelle se trouvent ces localités, et bien d’autres, depuis plusieurs années, voire des décennies ? Difficile de répondre par l’affirmative. Il faut peut-être le relever d’emblée : les inondations ne sont pas une spécificité camerounaise, comme on peut le constater à travers le monde ces derniers mois. Elles viennent de faire environ 600 morts au Nigéria, avec d’importants dégâts matériels. Le Tchad quant à lui, vient de déclarer l’état de catastrophe naturelle et appelé à l’aide internationale. Faut-il pour autant vivre cela comme une fatalité et éviter de prendre des mesures qui peuvent permettre, à défaut d’éradiquer le phénomène, de limiter au moins les dégâts. 
Qualifiée jusqu’ici de « région des extrêmes », en ce qui concerne les variations du climat, l’Extrême-Nord semble depuis lors faire corps avec les inondations aux conséquences généralement désastreuses pour les populations, en l’occurrence la destruction des cultures, des pâturages, des habitations, des menaces de famine… Ces faits deviennent alors le lot quotidien de populations qui y perdent parfois le fruit du travail d’une vie. Au plan économique, le manque à gagner est important pour une région qui, d’après les statistiques fournies par le président du Conseil régional, Daniel Kalbassou, il y a quelques jours à l’occasion de la réception d’une délégation de parlementaires, produit 70% de mil et de sorgho, 62% de riz et 35% d’arachide. Tout le monde y perd : particuliers et Etat. A cela, il faut ajouter les risques de maladies à l’instar du choléra, la typhoïde... Les déplacements forcés des populations ne sont pas non plus à négliger. Celles-ci sont soumises ici à un éternel recommencement. Même s’il faut le relever, pour le déplorer, l’incivisme souvent observé de la part de ces personnes qui, ayant bénéficié des indemnisations, préfèrent néanmoins continuer à occuper les sites à risques, jusqu’à ce que surviennent de nouveaux problèmes. On peut donc comprendre aujourd’hui que la récurrence des inondations ici appellent des solutions à long terme, comme n’ont du reste cessé de le recommander les interlocuteurs des différentes délégations gouvernementales dépêchées sur le terrain ces derniers mois, et même ces dernières années.
Ces solutions ont pour noms : la construction des drains d’évacuation qui vont convoyer les eaux de pluies vers le fleuve Logone dans de nombreuses villes où se pose ce problème; la fin de l’implantation des habitations autour de certaines zones à risques, comme cela est visible non loin des berges du lac de Maga, et ce, malgré les différentes mesures prises par le gouvernement ; la mise en œuvre d’un certain nombre de mesures édictées par le président de la République, Paul Biya, lors de sa visite dans la petite localité de Guirvidig, le 20 septembre 2012. Le chef de l’Etat déclarait alors : « J’ai également prescrit des mesures à court et à moyen termes, comportant notamment la construction d’une digue route de 330 km allant de Gobo jusqu’à Kousséri. J’ai ordonné également la réfection des barrages de Maga et de Lagdo ». Pour la plupart des observateurs, la mise en œuvr...

Reactions

Commentaires

    List is empty.

Laissez un Commentaire

De la meme catégorie