« Il y a un problème de ressources humaines pour porter la réforme »

Joseph Clément Mbong, auteur d’un ouvrage sur la budgétisation par programme

Comment peuvent s’expliquer les difficultés que rencontrent les CTD dans l’arrimage au budget-programme ?
Les raisons qui expliquent le retard des CTD dans l’arrimage à la réforme des finances publiques sont à mon sens de trois ordres : l’attentisme de certains exécutifs de CTD, qui malgré le statut de personne morale de droit public jouissant de l’autonomie administrative et financière, reconnu aux CTD, attendent des directives de la tutelle technique, à savoir le ministère de la Décentralisation et du Développement local pour se mettre en phase avec la loi n° 2019/024 du 24 décembre 2019 portant Code général des collectivités territoriales décentralisées et les autres textes réglementaires qui instruisent l’arrimage des CTD au budget-programme ; la carence en ressources humaines de qualité capables de porter la réforme en interne dans certaines CTD ; le déficit d’accompagnement technique des CTD par l’administration, organismes et experts de tout bord.
Le gouvernement a choisi d’expérimenter cette nouvelle manière de fonctionner progressivement tout en formant les responsables des Communes et des Communautés urbaines. Quel regard jetez-vous sur cette option d’y aller  de manière progressive ?
Je pense que c’est une approche prudente et responsable. Il s’agit d’une réforme d’envergure qui va nécessiter du temps pour que tous les acteurs au niveau local soient suffisamment outillés pour une implémentation intégrale de la réforme. Souvenez-vous que l’Etat avait appliqué la même démarche à l’aune de de l’adoption de la réforme à travers la loi 2007/006 du 26 décembre 2007 portant Régime financier de l’Etat qui disposait en son article 79 que « la présente loi entre en vigueur dans son intégralité le 1er janvier 2013. »  Bref, l’Etat central s’était accordé cinq ans pour s’arrimer à la réforme. Avec l’expérience acquise dans le processus par divers acteurs, celui-ci peut être plus rapide dans le cas des CTD. En trois ans, l’appropriation peut être intégrale dans toutes les Collectivités territoriales. La publication de notre ouvrage et les offres de formation qui l’accompagnent participent de cette volonté d’accompagnement l’Etat et les CTD en particulier pour un arrimage dans un horizon assez proche.
Vous avez commis récemment un ouvrage sur la question. Que proposez-vous concrètement pour appuyer les Collectivités territoriales décentralisées ?
Effectivement nous venons de publier aux Editions Sopecam un ouvrage intitulé Collectivités Territoriales Décentralisées au Cameroun, Budgétisation par programme et Mesure de la Performance. Il s’agit d’un ouvrage méthodologique qui vise à accompagner les exécutifs et les personnels de la chaîne de préparation, d’élaboration et d’exécution du budget, ainsi que ceux chargés du contrôle de gestion et du pilotage de la performance. De manière concrète nous proposons deux instruments très importants aux CTD. Le premier instrument porte sur le format du budget-programme. Ici nous faisons appel  à un ensemble de textes, notamment la loi portant Code général des CTD dans son aspect compétences transférées aussi bien aux Communes qu’aux régions et le décret n° 2021/3353 /PM du 17 juin 2021 fixant la nomenclature budgétaire des Collectivités territoriales décentralisées pour proposer un modèle de présentation du b...

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