Interview : « Le président Paul Biya est l’architecte de la démocratie camerounaise »

Pr. Manassé Aboya Endong, enseignant de science politique à l’Université de Yaoundé-II et directeur exécutif du Groupe de recherches sur le parlementarisme et la démocratie en Afrique (Grepda).

L'un des acquis du Renouveau, 40 ans après son avènement, c'est l'ouverture du jeu démocratique. Quelle appréciation faites-vous des changements impulsés dans ce domaine par le chef de l'Etat, et du comportement des acteurs politiques ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’ouverture démocratique connaît incontestablement une trajectoire stable depuis 40 ans, à la faveur du Renouveau. En effet, le Cameroun avait préalablement connu un moment dynamique de pluralisme politique pendant la période coloniale. Cette dynamique pluraliste s’était intensifiée jusqu’à la veille des indépendances, se traduisant concrètement autour de l’important débat sur l’enjeu de l’auto-détermination politique. Cependant, cette perspective pluraliste va être percutée dans sa trajectoire, car non seulement elle s’appuyait sur le syndicalisme ou la vie associative pour faire émerger des leaders et formations politiques historiques, mais elle est vite apparue comme une menace sur le projet de construction de l’unité nationale au lendemain de l’indépendance. C’est tout logiquement qu’on va aboutir à la création de l’Union nationale camerounaise (UNC) qui marquera une rupture provisoire du pluralisme politique ; lequel pluralisme reprendra droit de cité à partir de l’ouverture démocratique des années 1990.
Toutefois, au-delà des balbutiements illustratifs de l’apprentissage démocratique, le président Paul Biya a su anticiper, et surtout promouvoir une démocratisation au ras du sol des préoccupations des Camerounais, s’abreuvant à la fois de la paix sociale et de la stabilité de l’Etat, en réformant méthodiquement l’ordre politique dans un environnement incertain et tumultueux. Mieux, le discours et la méthode du président de la République ont ainsi su déjouer tous les pronostics apocalyptiques mobilisés sur l’Etat du Cameroun à l’aube de cette ambition politique de démocratisation. Le président Paul Biya est donc l’architecte de la démocratie camerounaise.   
Au cours de ces quatre décennies, la question des libertés publiques s'est posée avec acuité. Ce défi vous semble-t-il avoir été relevé par l'Etat ?
La question des libertés publiques est fondamentale pour consolider politiquement une démocratie. Une fois que le retour du Cameroun au multipartisme a été amorcé, l’Etat a rapidement intégré cette nécessité de promouvoir les libertés publiques pour accompagner l’ancrage de la démocratie. Le Cameroun a été très tôt conscient que dans les régimes démocratiques, les citoyens jouissent des droits dits inaliénables, les libertés individuelles (d'opinion, d'expression, de religion, de circulation) et collectives (manifestation, grève, association…). Et dans les faits, le Cameroun est un exemple dans la promotion du pluralisme médiatique et dans l’exercice des libertés par les populations. Toutefois, cette jouissance des libertés doit progressivement s’accommoder du respect de la loi, au regard de la tolérance observée face à certaines dérives. Car il n’y a pas de démocratie sans le respect des lois ; mieux les lois permettent de maintenir l'équilibre entre les droits individuels des citoyens et leurs obligations à titre de membres de la société.
Le chantier de la décentralisation reste au cœur des priorités du Renouveau, pour le bien-être des populations. Quels sont les autres ingrédients nécessaires au renforcement de ce processus ?
Le chantier de la décentralisation est une réponse présidentielle à la volonté des populations de participer à la gestion des affaires d’intérêt local, en rapprochant l’administration des administrés et en garantissant une plus grande autonomie aux magistrats municipaux dans la gestion des affaires locales. D’où la création d’un ministère dédié à l’accompagnement de cette réforme institutionnelle de grande envergure qui porte l’empreinte exclusive du président Biya. Mieux, cette réforme participe naturellement d’un souci d’efficacité de l’administration publique, car le ministère de la décentralisation et du Développement local a pour objectif majeur d’impliquer les populations et de les intéresser à la gestion des affaires locales. À l’évidence, le procès du centralisme de l’Etat camerounais trouve ici une réponse efficace au regard des compétences dévolues à ce ministère au Cameroun. Il ne reste plus qu’à accélérer ce processus à travers le transfert total des compétences dévolues aux collectivités territoriales décentralisées, afin qu’on entrevoit définitivement l’articulation dans le vécu des populations, d’un Etat unitaire décentralisé.
Comment appréciez-vous la riposte de l'homme du 6 novembre face aux diverses menaces sécuritaires qui se sont posées durant son magistère ?
Durant son magistère, le président de la République a principalement été confronté aux exactions de Boko Haram localisées dans la partie septentrionale du Cameroun et les mouvements sécessionnistes dans les régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest. Face à ces menaces sécuritaires, et en sa qualité de chef des forces armées, il a su braver les critiques acerbes en prenant courageusement l’option de former et de doter les forces de défense...

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