« Cet accord va prospérer »

Après l’accord de cessez-le-feu signé à Pretoria en Afrique du Sud, le gouvernement éthiopien et le Front de libération du peuple du Tigré (TPLF) ont convenu le week-end dernier à Nairobi au Kenya de l’acheminement de l’aide humanitaire au Tigré. Pensez-vous que ces engagements puissent prospérer ?
Sur la base de cet accord qui constitue une réelle avancée et une source d’espoir pour toutes les populations concernées, les rebelles et les autorités fédérales éthiopiennes ont accepté, samedi 12 novembre, d’accorder un accès humanitaire à tous ceux qui sont dans le besoin au Tigré, en proie depuis deux ans à une guerre meurtrière, ainsi que dans les régions voisines. Je pense effectivement que cet accord va prospérer, parce que les deux parties au conflit éthiopien se sont formellement engagées à mettre en œuvre cet accord au profit du peuple éthiopien qui veut vivre en paix et en harmonie, et avoir un avenir brillant à travers la reconstruction des communautés dévastées ainsi que la mise en place, par le gouvernement, de mesures proactives pour nourrir la démocratie et le développement inclusif dans le pays. Selon les déclarations des protagonistes. Par ailleurs, l’accord a aussi été salué par les parties prenantes, les organisations internationales (ONU, UA) et plusieurs autres pays qui ont toujours appelé à l'arrêt des hostilités. Cet accord a été âprement discuté par les deux parties sous les auspices de M. Olusegun Obasanjo, chef de la troïka des médiateurs de l’UA qui a travaillé sur ce protocole d'accord depuis 14 mois.
Au demeurant, il faut saluer l’action de l’Union africaine, car l'accord intervenu en Afrique du Sud est une solution africaine à des problèmes africains. Il est important de noter que le gouvernement éthiopien a toujours insisté sur le fait que tout processus de paix devait être négocié sous l’égide de l’Union africaine, dont le siège est à Addis-Abeba, la capitale éthiopienne. C’est pourquoi, dans cette perspective le président de la Commission de l’UA, Moussa Faki Mahamat, a salué au début des négociations au mois d’octobre dernier une « opportunité unique » de mettre fin à près de deux ans de guerre, et a appelé « les deux parties à œuvrer urgemment à la mise en place d’un cessez-le-feu et à s’engager dans des négociations directes, dans le cadre d’un processus sous l’égide de l’UA, incluant des partenaires internationaux mutuellement agréés ». Le gouvernement de l’Éthiopie a donc accepté cette invitation aux pourparlers dans la ligne de sa position de principe concernant la résolution pacifique du conflit et la nécessité de discussions sans conditions préalables.
Enfin, il est également loisible de voir dans l’exercice de la signature de cet accord de paix, pour s’en réjouir fortement, la mise en œuvre de l’agenda 2063 de l’Union africaine qui demande de faire taire les armes en Afrique. Les deux parties dans le conflit éthiopien ont accepté de s’associer pour mettre fin aux hostilités à travers le désarmement coordonné, la protection des civils, en particulier les femmes, les enfants et autres groupes vulnérables. C’est une grande fierté pour l’Union africaine et donc pour l’Afrique tout entière. 

Certes, l’accord est clair sur l’acheminement de l’aide humanitaire, le désarmement et le rétablissement de l’autorité fédérale, mais ne semble pas assez explicite sur la reconstruction du Tigré dévasté par deux années de conflit. D’aucuns y voient plutôt un marché de dupes au profit des autorités d’Addis-Abeba…
Il est vrai que les détails des dispositions et la mise en œuvre de l'accord que toutes les parties prenantes ont jugé satisfaisants, n'ont pas été dévoilés. Cependant, il constitue une grande avancée et un nouveau chemin vers la paix dans cette région nord de l’Ethiopie meurtrie par cette guerre fratricide. A la vérité, je dois dire que les rebelles tigréens n’avaient pas d’autres choix que d’aller à la table de négociations avec le gouvernement fédéral éthiopien. Tellement la situation était devenue pour eux intenable, voire incontrôlable su...