Dégâts climatiques : la mauvaise foi des grands pollueurs

Le financement des « pertes et dommages » au profit des pays pauvres occupe une place centrale dans l’agenda de la 27è Conférence des parties à la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP27), qui se tient à Charm-El-Cheikh en Egypte, depuis le 6 novembre dernier et ce, jusqu’à demain, 18 novembre 2022. Les travaux de cette année sont essentiellement consacrés à la « planification de la mise en œuvre » de toutes les promesses faites et de tous les engagements pris l’année dernière, lors de la COP26 à Glasgow en Ecosse. Ils concernaient la neutralité carbone, la protection des forêts et le financement des mesures d’adaptation et d’atténuation des effets néfastes du dérèglement climatique. Les pays du Sud qui sont les plus vulnérables, s'attendent en particulier à ce qu’au-delà des discours, les plus grands pollueurs de la planète montrent enfin leur bonne foi à assumer les conséquences de leurs actes à travers la mobilisation effective des fonds promis aux pays pauvres.     
Ces derniers soutiennent, et à juste titre que les nations industrialisées sont responsables de la multiplication des phénomènes météorologiques extrêmes que tout le monde déplore. Car, pour faire fonctionner leurs usines, les pays riches ont utilisé à grande échelle, depuis la révolution industrielle, des combustibles fossiles (pétrole, charbon, etc.). Seulement, cette consommation élevée des sources d’énergie polluante pour produire divers biens matériels a rempli l’atmosphère de gaz à effet de serre (GES). Et c’est l’accumulation de ces gaz dans l’atmosphère qui est à l’origine des changements climatiques qui défraient aujourd’hui la chronique. Un phénomène qui se manifeste par le dérèglement ou le réchauffement du climat. Selon l’Organisation météorologique mondiale, les concentrations atmosphériques des trois principaux GES, notamment le dioxyde de carbone, le méthane et le protoxyde d’azote, ont même battu de nouveaux records en 2021. Pour prévenir cette tendance qu’on voyait venir, l’accord de Paris adopté lors de la COP21 en 2015 avait fixé comme objectif de limiter le réchauffement climatique à un niveau bien inférieur à 2, de préférence à 1,5 degré Celsius, par rapport au niveau préindustriel. Mais, le Groupe intergouvernemental sur le climat (GIEC) constitué des experts-climat de l’ONU relève que la hausse de la température globale s'est encore accentuée, à un rythme qui fera très probablement dépasser le seuil de 1,5 °C de réchauffement depuis l'ère préindustrielle entre 2021 et 2040. Il y a donc péril en la demeure. Sécheresses, typhons, inondations, cyclones, hausse du niveau des océans, entre autres, rythment le quotidien de nombreuses localités du monde. A en croire le GIEC, « entre 3,3 et 3,6 milliards de personnes vivent dans des régions considérées comme hautement vulnérables au changement climatique ». Et les pays du Sud sont parmi les plus impactés. 
L’Afrique, avec ses 1,4 milliard d’habitants, figure au nombre des principales victimes du dérèglement climatique, alors même qu'elle est le plus faible émetteur de GES, avec environ 4 % seulement des émissions. Pour aider les pays les plus vulnérables à s’adapter et à atténuer les effets néfastes qu’ils subissent injustement, les nations développées, responsables historiques de cette situation, s’étaient engagées en 2009, à Copenhague au Danemark, à fournir un financement de l’ordre de 100 milliards de dollars US par an. 13 ans plus tard, la promesse est toujours non tenue. Puisque les rapports officiels montrent que cet objectif n’est toujours pas atteint. Comme s’il s’agissait d’une aide, ils n’ont versé dans la cagnotte qu’à peine 80 milliards de dollars US l’an dernier. Or, il est question de réparer une partie des dégâts infligés par les pays riches au monde entier. Les fonds recherchés doivent servir à réduire les risques liés au réchauffement du climat, parce qu’il est nécessaire de prendre en urgence des mesures visant à limiter fortement les émissions de gaz à effet de serre (atténuation) tout en adoptant des mesures pour renforcer la résilience aux effets du changement climatique (adaptation). 
Malgré l’importance des enjeux, rien n’est acquis à Charm-El-Cheikh car selon les observateurs, la règle consistant à ce que toutes les décisions de la COP se prennent par consensus conduit très souvent à des blocages ou à des compromis a minima. On se doute bien que les 197 Parties qui participent aux COP n’ont pas toutes la même conception de ce que devrait être la lutte contre les changements climatiques. L’autre faiblesse à relever, c’est que les plus grands pollueurs ne se sentent pas obligés de délier les cordons de la bourse pour réparer les dégâts causés à l’ensemble de la planète que d’aucuns qualifient même de « crimes contre l’humanité ». Cette ...

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