« Microbes » : tous concernés
- Par Gregoire DJARMAILA
- 22 déc. 2022 10:44
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Dans l’optique de limiter le déploiement des gangs de jeunes brigands appelés les « microbes » ou des bandes criminelles apparentées, les autorités administratives de Douala ont mis la ville sous protection en prenant des mesures fortes dont la suspension de la circulation des motos-taxis et la fermeture des débits de boissons à certaines heures dans certains quartiers de la capitale économique. Ces mesures conservatoires ont été prises à la suite de l’incident intervenu le 12 décembre dernier à l’hôpital Laquintinie, où une horde de jeunes y a fait irruption pour retirer de la morgue le corps d’un des leurs ayant trouvé la mort au cours d’une altercation avec les forces de maintien de l’ordre au quartier Makea dans l’arrondissement de Douala II. A la suite de ces échauffourées, une folle rumeur annonçant l’arrivée de « microbes », volontairement grossie et entretenue par un groupe de personnes à bord de motos, s’est emparée de la ville alors que la menace n’était pas aussi réelle. Vérification faite, il s’est agi d’un groupuscule de fauteurs de trouble qui sous le label des « microbes » a tenté « de créer des soulèvements populaires pour mettre à mal la stabilité des institutions », selon les mots du gouverneur du Littoral. Jusqu’à nouvel ordre donc, Douala vit nuitamment sous coupe réglée. Il s’agit pour les autorités locales de permettre aux populations de passer les fêtes de fin d’année en toute sérénité et en toute quiétude.
Qu’il ait été instrumentalisé ou agité à tort ces dernières semaines, le phénomène des « microbes » est un sujet de préoccupation majeure. Révélés depuis 2020, ces jeunes, constitués en petits groupes de brigands et âgés de 9 à 20 ans, agressent, saccagent, pillent et volent à l’aide d’armes blanches (machettes, barres de fer, couteaux). Ces délinquants opèrent en bande de dix, quinze ou vingt, rarement seuls, à visage découvert, de jour comme de nuit. Ils trouvent leur inspiration et leur stimulation dans la consommation de stupéfiants. Leur mode opératoire basé sur la fulgurance et la brutalité de leurs crimes consiste à se faire passer pour des mendiants avant d'attaquer de façon horrible à l’arme blanche. Ils délestent ainsi les paisibles populations de leurs biens (argent, bijoux, téléphones, sacs à main). Ces formes de délinquance provoquent la psychose au sein des populations urbaines, tant par la barbarie des agresseurs que par le nombre croissant de leurs victimes. A Yaoundé, le phénomène a été expérimenté il y a un an dans les encablures du marché Mokolo et au carrefour Meec.
Cependant, sans vouloir banaliser le phénomène, la violence urbaine portée par ces jeunes est un phénomène urbain universel. La délinquance juvénile en bande touche aussi bien les pays pauvres que les pays riches. Des pays d’Europe et d’Amérique font face à cette menace sécuritaire, souvent connectée aux rivalités des réseaux criminels autour du trafic de drogue dans les quartiers dits défavorises. Le mouvement des « microbes » a vu le jour en Côte d’Ivoire, au lendemain de la crise postélectorale à laquelle certains ont pris part comme combattants. Cette appellation est inspirée de l’histoire réelle des gangs d'enfants des favelas dans le film brésilien « La Cité de Dieu ». Cette métaphore médicale fait référence à la petitesse de ces êtres vivants, insoupçonnables à l'œil nu mais virulents et nuisibles à la santé du corps social. Toutefois l’implémentation de cette inspiration a été facilitée par la démocratisation des supports médiatiques de diffusion de l'image.
Il faut questionner les profils et les itinéraires de ces jeunes pour appréhender les vrais ressorts de cette criminalité. Notons que les sociétés d’ici et d’ailleurs sont en proie à de nombreuses et terribles difficultés : chômage des jeunes, crise des valeurs morales, déstructuration de la cellule familiale, délaissement parental et influence négative des programmes télévisuels. D’autre part, la masse des jeunes pour la plupart désœuvrés qui partent de l’arrière-pays pour venir « se chercher » dans les grandes métropoles constitue un casse-t&e...
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