« L’Etat doit continuer à encourager l’éclosion du génie »

Professeur, vous avez été cette année la plus jeune lauréate du concours d’agrégation CAMES. Avez-vous le sentiment d’être une ambassadrice de la qualité du système éducatif camerounais ?
Être la plus jeune lauréate au concours d’agrégation de médecine du CAMES avec un parcours académique de base « made in Cameroon » est un immense honneur pour moi. Oui en effet, j’ai été formée au Cameroun depuis l’école maternelle jusqu’en cycle de spécialisation. Permettez-moi de saisir cette tribune pour adresser mes sincères remerciements à tous ceux qui ont participé à ma formation. Je ne suis que l’un des nombreux produits représentatifs du système éducatif camerounais au niveau international. 

Le chef de l’Etat a créé en 2022, trois nouvelles universités d’Etat. Au-delà du nombre, qu’est-ce que cette diversité de l’offre apporte, selon vous ?
La création de trois nouvelles universités contribue au renforcement du processus de décentralisation entamé par le chef de l’Etat qui est un grand visionnaire. Ces nouvelles universités d’Etat offrent en effet une proximité et un accès plus aisé à l’enseignement supérieur pour les populations des régions, permettant de désengorger les universités notamment de Yaoundé et Douala. De plus, cette opération a permis le recrutement, le rajeunissement et la formation de nouveaux enseignants, ce qui a un impact positif sur la qualité des enseignements.

Pour revenir au système éducatif, il est de plus en plus perturbé par les effets pervers des réseaux sociaux et par une recrudescence de la violence. Comment faire des TIC un ami de l’éducation et non une source de danger ?
L’utilisation des TIC reste aujourd’hui indispensable à l’éducation. Si on prend l’exemple de la pandémie à Covid-19, l’adoption de la formation en ligne a permis de sauver l’année scolaire 2019-2020, là où certains n’ont pas pu continuer la formation des apprenants. Nous devons néanmoins continuer l’éducation, la sensibilisation des jeunes sur les avantages et les inconvénients des TIC. Car même en médecine, tous les médicaments ont des effets bénéfiques et des effets indésirables. De plus, il faut prendre en compte le rôle important de l’autorité parentale qui peut aider à rationnaliser ou contrôler cette utilisation.

Des dizaines de jeunes Camerounais comme vous ont heureusement compris les enjeux de l’innovation et de l’entrepreneuriat. Que faut-il pour que tout ce génie devienne une force de développement du pays ?
L’entrepreneuriat et l’innovation représentent des clés pour le développement. En effet, même pour être agrégé, il faut réaliser des travaux innovants et entreprendre des perspectives réalisables en tant que Maître de conférences agrégé. Au niveau des étudiants par exemple, pour que ce génie soit matérialisé, nous proposons un modèle éducatif qui pousse l’étudiant à développer son potentiel (à travers des exercices de simulation, des apprentissages théoriques, apprentissage par compétence et des jeux de rôle…) mais aussi accompagner et canaliser ce potentiel. La conférence des doyens des facultés de médecine du Cameroun en révisant le programme national harmonisé, a introduit des notions de leadership et entrepreneuriat dans la formation médicale. Il est vrai que beaucoup d’efforts sont déjà faits pour la jeunesse. Mais nous pensons que, l’Etat doit continuer à encourager les jeunes dans l’éclosion de leur génie, l’octroi de bourses au niveau national et international, l’accompagnement de tous les jeunes qui souhaitent s’installer à leur propre compte à travers l’octroi de crédits faciles auprès des banques. 

Le secteur de la santé dans lequel vous évoluez a également vu son offre considérablement enrichie en 2022. Comment appréciez-vous ces e...