« Paul Biya a œuvré à la construction et à la modernisation des institutions »

L’année 2022 a été marquée par la célébration des 40 ans de l’accession de Paul Biya à la magistrature suprême, quel regard portez-vous sur ce magistère ?
Ce parcours est l'épopée d'un géant de la politique nationale de la construction et de la modernisation progressive et processuelle des institutions camerounaises. De la difficulté à asseoir son autorité face aux caciques de l'ancien régime, aux contestations sociopolitiques diverses, en passant par les crises économiques qui ont impacté significativement le développement socioéconomique de manière dépréciative, le président Paul Biya apparaît comme un hégémon dominateur et stabilisateur à travers son odyssée victorieuse. Son magistère a permis le retour au multipartisme, le développement de la liberté religieuse et de la tolérance interconfessionnelle, la protection des minorités, la multiplication des hôpitaux et formations sanitaires, la libéralisation du monde des affaires, etc. Sur le plan politique, on note la modernisation des institutions politiques du Cameroun. L’on retient aussi qu'il y a eu des avancées dans le domaine des libertés publiques et privées ; de l'ouverture démocratique à travers les élections pluralistes, et la construction du rayonnement international du Cameroun par le développement d'une diplomatie de présence et pacifique, portée par un pacifisme cosmopolitiste et régionaliste. 

Quel peut être le secret d’une telle longévité au pouvoir, malgré l’adversité interne et externe ?
Si les appréhensions métaphysiques sur l’exceptionnalité du destin de l’homme du 6 novembre 1982 peuvent être convoquées pour qualifier son parcours hors du commun, la réussite et la longévité de Paul Biya tiennent aussi de ses qualités exceptionnelles et de celles de certains des hommes qui l'ont accompagné dans l’accomplissement des tâches relatives à la protection et la construction de l'Etat et de la nation camerounaise. Son expertise de haut commis de l'Etat au caractère éthique établi est connu de tous. Des qualités individuelles et humaines sont à coup sûr des adjuvants déterminants du triomphe de cet esthète et praticien de talent de l'art politique. 

Paul Biya fait de la lutte contre la corruption l’un des piliers de sa politique, mais comme l’indique le dernier rapport de la Commission nationale anti-corruption, la gangrène persiste. A votre avis, quel autre levier faut-il activer pour vaincre ce fléau ?
Le phénomène de la corruption n'étant pas irréversible, il est possible de le combattre à travers plusieurs axes globaux. Il importe d'abord d'éduquer suffisamment les citoyens, notamment les plus jeunes aux risques et dangers liés à ce cancer social et sociétal qui attaque les fondements sociaux du mérite, de la justice et de l'équité. Ensuite, développer des mécanismes pertinents de détection et de contrôle des diverses formes de corruption au sein des administrations privées et publiques de tous les domaines d'activités de la société. Enfin, il pourrait être développé des mécanismes crédibles et pertinents de répression efficaces contre l'impunité dans tous les secteurs de la vie publique. Il s'agit donc de donner plus de moyens à l'éducation, la prévention, la détection et la répression des faits relatifs à cette pratique pernicieuse.

Pour reconstruire les régions en crise, le projet de loi de finances lors de la dernière session parlementaire prévoit la création d’un Compte d’affectation spécial de 15 milliards de F. Ces ressources financières suffiront-elles à ramener la stabilité dans ces régions ?
Ces 15 milliards de F paraissent aux premiers abords une somme dérisoire, pour les vastes chantiers multidimensionnels de la reconstruction de ces dernières. Mais, en affinant un regard analytique sur la loi de finances et  la répartition des ressources au plan national, on peut observer que cette enveloppe apparaît comme un ...