La nourriture et nous : j’emballe, donc je suis

Cette pratique et bien d’autres qui frisent un manque notoire de savoir-vivre ont tendance à s’enraciner dans la société camerounaise.

Une certaine Clairemonde M., habitant le lieudit Bepanda « peuple » à Douala, a subi des représailles inhabituelles dimanche dernier. Tous les membres d’une association familiale dans laquelle elle milite - 75 personnes - lui ont entièrement abandonné le prestigieux buffet préparé en leur honneur. Son péché : avoir pris la mauvaise manière de se servir dans des gamelles chez les autres dont elle n’a jamais apprécié la cuisine. Des repas qui finissaient toujours dans l’estomac de ses chiens. Le nommé L. Tetga, membre d’un regroupement d’enseignants à Yaoundé, a vécu une situation presque similaire en décembre dernier en sa résidence. « Lorsque quelqu’un d’autre reçoit la réunion, ce membre a l’habitude de débarquer avec des gamelles qu’il s’empresse de faire remplir directement à la cuisine avant le début des travaux et l’installation du buffet. Ce qui ne l’empêche par ailleurs pas de prendre part au repas sur place avec tous les autres. Lors de notre session de décembre qu’il accueillait chez lui, l’association lui a rendu la monnaie de sa pièce. Chaque membre est arrivé avec ses gamelles, s’est servi dans sa cuisine auprès de son épouse du reste embarrassée. Avant le début de nos travaux, toute la nourriture était finie. Vous imaginez la gêne de la maîtresse des lieux lorsqu’elle a su le fin mot de l’histoire », rapporte un membre de l’organisation.
Certains Camerounais et la nourriture : c’est désormais la paire donc. Il n’y a qu’à observer les comportements des uns et des autres au moment de passer à table. D’aucuns perdent tous leurs moyens. « Je vois souvent, lors de réceptions, les gens devenir nerveux au point de trembler, n’hésitant pas à tempêter si l’ordonnateur du repas tarde à les inviter à se servir », assure un directeur d’administration centrale. Faut voir les montagnes qu’ils sculptent avec entrées, plats de résistance et desserts. Des mélanges souvent explosifs pour l’estomac. D’autres personnes tombent carrément, les armes à la main, dans le parfait tue-charisme des temps modernes, y laissant honneurs, titres, grades : l’emballage de nourriture. « Cette pratique ne semble épargner personne : femmes, hommes, petits et grands. Les gens arrivent maintenant aux cérémonies avec des sacs de plastique prêts. Ceux...

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