Accélération de la croissance : les conditions à remplir

En mettant le curseur sur l’objectif de croissance pour 2023, après le récent lancement de l’exécution du budget de l’Etat, il est utile de rappeler les projections macroéconomiques présentées en novembre dernier par le Premier ministre, chef du gouvernement. Elles tablent en effet sur une croissance de 4,2% du Produit intérieur brut (PIB) en 2023 (contre 3,3% en 2022), sous l’hypothèse de la poursuite de la consolidation de la reprise économique entamée en 2021 (3,6%), et dans la perspective du retour progressif de l’économie à son sentier de croissance d’avant la crise sanitaire du Covid-19 (3,7 % en 2019 et 0,7 % en 2020). A moyen terme, la croissance ne devrait pas dépasser 4,6 %. Alors que le Cameroun dispose d’un potentiel énorme pour faire mieux.
Le bilan de l’exécution du Document de stratégie pour la croissance et l’emploi (DSCE) - première étape (2010-2019) du parcours censé conduire le Cameroun vers l’émergence - ayant été mitigé, la Stratégie nationale de développement du Cameroun 2020-2030 (SND30) dont le pays dispose vient désormais comme pour rectifier le tir. La SND30, mise en œuvre depuis 2021, est donc le nouveau cadre de référence pour notre action de développement au cours de la décennie en cours. Elle articule les engagements internes et internationaux du pays au plan économique, social et environnemental, et s’appuie sur les leçons de la mise en œuvre du DSCE dont elle prend le relais jusqu’en 2030, dans la perspective de l’accomplissement des objectifs de la Vision 2035 qui ambitionne de faire du Cameroun un pays émergent. Dans cette optique, la SND30 prévoit d’atteindre le statut de nouveau pays industrialisé avec un taux de croissance presque doublé à 8 % sur la période, une augmentation de l’Indice de développement humain à 0,70 et une réduction de la pauvreté à moins de 25 % d’ici 2030. Car en réalité, il faut une croissance plus vigoureuse, avoisinant ou dépassant deux chiffres au cours des deux prochaines décennies. C’est le seuil estimé compatible avec l’ambition d’émergence. 
Pour transformer ce rêve en réalité, la SND30 dispose de quatre piliers majeurs. En bonne place, il y a la transformation structurelle de l’économie nationale. Ce pilier traite de la planification économique qui doit conduire à la résolution des problèmes bien identifiés comme la faible productivité des exploitations agricoles familiales dans le milieu rural (en traitant très précisément des déterminants et des facteurs de production), de la dynamique d’industrialisation en allant directement vers les efforts qui sont à faire sur des aspects-clés (confère, Plan directeur d’industrialisation), des infrastructures productives sur lesquelles ils faut que les priorités soient claires et très précises.
Le développement du capital humain et du bien-être est un autre point d’ancrage. Le capital humain étant un facteur-clé de développement économique et en particulier de l’industrialisation d’un pays, il est indispensable pour une société qui ambitionne de booster son secteur industriel (manufacturiers) de disposer d’une main d’œuvre suffisante et de bonne qualité (compétente). Pour ce faire, il est nécessaire de mettre en œuvre des politiques adéquates dans les domaines de l’éducation et de la formation, c’est-â-dire, de l’acquisition des compétences, de la santé, de l’accessibilité aux facilités sociales de base et de la protection sociale.
Le troisième pilier est celui de la promotion de l’emploi et de l’insertion économique. Dans ce domaine, l’objectif global poursuivi est de promouvoir le plein-emploi décent, à travers l’élargissement et la valorisation des opportunités de création d’emplois dans l’économie. Cette politique de développement est articulée autour de cinq  axes, à savoir : la promotion de l’emploi dans les projets d’investissement public ; l’amélioration de la productivité, de l’emploi et des revenus en milieu rural ; le développement des très petites entreprises, des petites et moyennes entreprises et de l’entrepreneuriat jeune en zones urbaines ; l’incitation à la création et à la préservation des emplois dans les grandes entreprises du secteur privé formel ; la mise en adéquation du binôme formation-emploi et l’amélioration du système d’insertion professionnelle ; une meilleure régulation du marché du travail.
Enfin, il y a la gouvernance, la décentralisation et la gestion stratégique de l’Etat. Les trois domaines de ce pilier constituent le socle sur lequel reposent la transformation structurelle de l’économie camerounaise, le développement du capital humain ainsi que l’amélioration de la situation de l’emploi. Ce pilier aborde ainsi la décentralisation et le développement local ; le renforcement de l’Etat de droit et la sécurité des personnes et des biens ; l&...

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